PUBLIÉ LE 19/01/2011 08:08

Les zones d'ombre du meurtre de Jérémy

Alors que sept coups de couteau ont atteint le jeune Gersois sur le pont de Nay en août 2009, lors de la reconstitution le principal accusé n'a reconnu n'en avoir porté que deux.
A ce stade de l'instruction du meurtre de Jérémy Censier un seul des dix mis en examen (sept pour meurtre, trois pour violences aggravées ou violences ou soustraction de preuves) a reconnu avoir fait usage d'un couteau. C'est sur ses indications que les enquêteurs retrouvèrent ailleurs sur la commune une arme de ce type. Lors de la reconstitution qui s'est déroulée dans la nuit de lundi à mardi sous la conduite de Lucile Pichenot, juge d'instruction, Sanson G…, mineur au moment des faits allait-il « mimer » les sept coups dont l'un fatal au thorax, qui furent portés au jeune Gersois ? « Il n'en a que plus ou moins vaguement plus mimé deux et portés au visage » affirmaient dans la nuit nayaise, Me. Marie Gomes d'Auch et son confrère agenais Me. Edouard Martial. Et les avocats de la famille Censier partie civile, d'ajouter : « En cela le principal accusé est en totale contradiction avec ses premières déclarations et même avec celles de sa dernière confrontation chez la juge d'instruction. Ce jour-là, il n'avait reconnu qu'un coup porté ». Cette reconstitution a « déçu » les avocats. Y compris selon ses dires, celui du principal accusé qui parlait « d'un dossier de plus en plus illisible ». « Oui mais la faute à qui, retorquent Me. Martial et Gomes, si ce n'est aux contradictions et aux mensonges des co-accusés ! A en entendre certains, ils se poseraient presque en victimes alors que ce groupe n'a laissé aucune chance à Jérémy ». A l'occasion de cette reconstitution très éprouvante pour Joël Censier (lire ci-dessous), les lampions de la fête qui battait son plein la nuit du meurtre avaient été réinstallé afin de « restituer » la luminosité dans laquelle baignait le pont lorsque Jérémy y fut mis à mort. Co-accusés, magistrats, avocats, greffiers, témoins, experts, gendarmes etc : au total c'est une centaine de personnes qui est allée et venue cinq heures durant sur cet ouvrage de 180 mètres de long dont les deux extrêmités gardées par des gendarmes, étaient bâchées. Rien d'essentiel semble-t-il susceptible d'éclairer d'un jour nouveau ce meurtre « gratuit » n'a été mis en lumière sur ce pont à l'éclairage blafard.
Le père courage sur le ring
La métaphore est sportive: «Je suis comme un boxeur qui viendrait d'être martyrisé sur un ring pendant cinq heures». Joël Censier avec ses deux avocats a assisté de A à Z à la reconstitution du meurtre de son fils. Une «épreuve supplémentaire» dont il a souhaité que son épouse et leurs deux enfants soient épargnés. Bien lui en a pris estimait-il après avoir «enduré» cette soirée. Lui n'en fait pas trop cas mais ses avocats disent sa «souffrance» l'autre soir de ne pas avoir eu droit au moindre signe de compassion de la part de la juge d'instruction et du répresentant du parquet. Avec la première, ce fut «politesses d'usage». Rien avec le second qui il est vrai n'est pas le procureur de la République en charge du dossier. Pour Me. Gomes, «c'est une de nos malchances: le juge d'instruction et le procureur qui étaient en poste lors du meurtre ont été mutés et remplacés depuis». Souffrance aussi pour Joël Censier au «spectacle» donné selon lui et ses avocats par plusieurs des mis en examen «à l'attitude décontractée, désinvolte...». Mais le plus «terrible» pour le père de Jérémy, ce fut «l'insoutenable scène à laquelle je me félicite que la famille n'ait pas assisté». A califourchon sur un mannequin couché représentant Jérémy, Sanson, le jeune homme au couteau, fait usage de son arme. «Oui à la vision de cette scène, j'ai frôlé le malaise». Réconforté après coup par de nombreux membres du «comité de défense de la famille de Jérémy Censier» très actif sur internet selon son président Julien Hupin, Joël Censier s'est dit «pas spécialement déçu de la reconstitution dans la mesure où je n'en attendais pas grand chose». Maintenant, comme ses proches, il attend le procès d'assises en souhaitant que les peines prononcées «ne banaliseront pas ces actes de violences gratuites» tels que ceux qui ont tué Jérémy.
Le chiffre : 1
prévenu> En détention. A l'exception du principal accusé âgé aujourd'hui de 19 ans, les neuf autres mis en examen à la suite du meurtre de Jérémy Censier vivent en liberté sous contrôle judiciaire.
«Je n'attendais pas grand chose de cette reconstitution. Et encore heureux que nos deux avocats aient fortement réagi pour qu'elle soit recadrée car jusque-là on était dans une mise en scène bien trop superficielle par rapport à la gravité des divers actes commis contre Jérémy»
Joël Censier, partie civile
B.D.


http://www.ladepeche.fr/article/2011/01/19/992969-les-zones-d-ombre-du-meurtre-de-jeremy.html