PUBLIÉ LE 21/01/2011 07:56 - MODIFIÉ LE 21/01/2011 À 14:24

Joël Censier : « Et c'est à moi que l'on cherche des poux »

Hier, en conférence de presse, Joël Censier a notamment révélé que, dans le dossier relatif au meurtre de son fils Jérémy, il va être convoqué pour « subornation » de témoin. Pour ce père « écœuré par l'institution judiciaire », c'en est trop…
Joël Censier s'est exprimé au domicile familial finalement préféré à la salle municipale que le maire de Saint-Cricq avait mis à disposition. Le père de Jérémy, tué le 22 août 2009 à l'âge de 19 ans, a révélé que, « sur le pont de Nay, avant le début de la reconstitution, un officier de gendarmerie m'a appris que je serai prochainement entendu pour subornation de témoin ». Pour le père de Jérémy, « c'en est trop. J'ai été menacé de diffamation pour avoir, il a quelques mois, dans un accès de colère, qualifié d'enculé S.G qui a reconnu avoir porté des coups de couteau à mon fils. Maintenant, un avocat de la défense cherche à nouveau à remettre à la barre des accusés le père d'un gosse de 19 ans qui pourrit sous terre. In-su-ppor-ta-ble ! Que l'institution judiciaire fasse cas de telles accusations alors qu'elle se révèle si déficiente dans l'instruction du meurtre d'une sauvagerie extrême de Jérémy, ça me révolte ! » La voix brisée, les larmes aux yeux, Joël Censier laisse son épouse parler à son tour de « colère, d'écœurement », avant de poursuivre : « La soi-disant témoin subornée n'était même pas convoquée avec les témoins, les vrais, à la reconstitution. C'est dire sa qualité de… témoin ! Il s'agit d'une jeune femme que je n'ai jamais rencontrée, à qui je n'ai jamais téléphoné, avec laquelle j'ai seulement correspondu sur Facebook. Elle s'y exprimait sur le meurtre de Jérémy qui visiblement la bouleversait. Pour l'essentiel, je lui ai écrit que si elle avait des éléments à révéler, elle s'adresse à la gendarmerie (ce qu'elle avait fait), que si ce drame la faisait trop souffrir elle consulte un psychologue ou un service d'aide aux victimes et que, enfin, elle retire sa photo de Facebook compte tenu du climat entourant le drame. Rien de plus… Et comme je suis policier, j'ai gardé traces écrites de tout cela et elles sont dans le dossier d'instruction. C'est dire que la convocation pour subornation ne m'inquiète pas. Mais ce qui me met hors de moi, c'est la poudre aux yeux que répand ainsi l'institution judiciaire. Oui ou non, sommes-nous les victimes ? L'institution n'a-t-elle donc pas mieux à faire qu'à chercher à décrédibiliser un père qui demande justice pour son fils ? »
Joël Censier est revenu ensuite sur un fait qu'il qualifie « d'effarant » : la remise en liberté conditionnelle, en octobre 2010, « de deux des trois principaux accusés ». Dont l'un « qui n'a pas été immédiatement interdit de revenir à son domicile lislois, à 12 km d'ici, à 12 km de la tombe de Jérémy ». Ces coaccusés (ils sont dix, seul S.G, mineur au moment des faits et qui a reconnu avoir fait usage du couteau fatal à Jérémy) sont apparus « décontractés, désinvoltes », le soir de la reconstitution. « Et menteurs, chacun ne cherchant qu'à minimiser ses actes. Même S.G, qui un coup reconnaît deux coups de couteau, après n'en avoir reconnu qu'un… Et qui maintenant ne tient plus le couteau avec la même main que celle précisée au début de l'instruction… »
Joël Censier, qui fait grief au procureur de la République de ne pas avoir assisté en personne à la reconstitution, « charge » aussi la juge d'instruction (lire notre édition de mercredi). Ainsi estime-t-il « insultante » la décision d'équiper le principal prévenu d'un gilet pare-balles : « La magistrate pensait-elle que ma présence à la reconstitution pouvait représenter une menace armée pour S.G ? » Pour Joël Censier, dans ce dossier, « il n'est décidément pas bon d'être victime ». En plus d'une heure d'un monologue mûrement réfléchi, le père de Jérémy Censier ne s'est pas privé de « dénoncer » beaucoup d'autres « blessures » et « insultes » que « nous inflige, à nos enfants, à mon épouse et moi, la façon dont est menée l'instruction ». Il dit espérer maintenant « qu'aux assises les jurés prendront la pleine mesure de la sauvagerie qui a tué Jérémy ». Tout à son malheur, à sa douleur, il ajoute : « Nous, la famille, on a pris perpet'avec la perte de Jérémy. J'ai pris perpet', personne ne me fera taire, ceux qui ont fait ça doivent payer. » Il affirme que tous les jours, sur sa tombe, il promet à Jérémy que « justice lui sera rendu ». A l'institution judiciaire de bien le faire, « sinon… ».
B. D.

http://www.ladepeche.fr/article/2011/01/21/994958-joel-censier-et-c-est-a-moi-que-l-on-cherche-des-poux.html