PUBLIÉ LE 11/03/2010 08:51

Nay. À la mémoire de Jérémy

L'AVOCAT D'UN SUSPECT CHERCHE À FAIRE ANNULER LA PROCÉDURE. MANIF EN RÉACTION SAMEDI.

Le débat sur la présence d'un avocat en garde à vue est une chose. Mais dans les Pyrénées-Atlantiques comme dans le Gers, les amis de la famille Censier n'ont pas envie de le voir polluer l'enquête sur le meurtre de Jérémy, le jeune Gersois qui a reçu six coups de couteau en marge des fêtes de Nay, le 22 août 2009. Au sein du groupe de discussion qu'ils ont créé sur Facebook, tous se sont vite passés le mot. Et ils ont finalement adopté l'idée d'une marche du souvenir, le 13 mars, à partir de 14 heures, à Nay.
Julien Hupin, un jeune chef de rayon âgé de 27 ans, a téléphoné aux parents de Jérémy pour les avertir. Après quelques hésitations, ces derniers ont annoncé qu'ils seraient présents, samedi, à Nay.
« Jusqu'à présent, on a essayé de rester dignes et de nous montrer le moins souvent possible, confie Joël, le papa de Jérémy. Mais dans la mesure où cette marche nous a paru saine et qu'elle n'est pas faite pour salir qui que ce soit, on a décidé d'être présents avec Corinne et notre fille Carole, notre fils Christophe étant retenu par son travail. Je crois que ça va être un grand moment d'émotion. » Sa voix s'étrangle déjà à l'idée de cheminer de la place de la mairie au pont de Claracq, sur lequel Jérémy « a été assassiné dans des conditions atroces ».
Mais cette marche « pour ne pas oublier » a aussi pour objectif d'apaiser les choses. Et ça, Julien, qui connaît le contexte tendu de Nay, l'a bien compris. « La haine, beaucoup de gens l'ont. Mais il ne faut pas en rajouter », estime l'animateur du groupe de discussion sur Facebook. « On ne met pas tout le monde dans le même panier. Il y a des bons et des mauvais partout, de n'importe quelle origine. Il n'y a pas de racisme ou de sectarisme dans notre démarche samedi. On veut juste montrer notre soutien à la famille et lui dire qu'on sera avec elle jusqu'au procès. Et en même temps, on veut s'adresser à la justice. Annuler la procédure, ça pourrait faire du mal à une famille qui a tout simplement besoin de connaître la vérité pour faire son deuil. » Rappelons que dix personnes ont été mises en examen dans cette affaire. Les deux frères sur lesquels pèsent les plus lourdes charges sont actuellement en détention provisoire.
L'examen de la requête en annulation reporté au 30 mars
Un mouvement de grève national a été lancé dans tous les tribunaux. Il a donc également touché le fonctionnement de la cour d'appel de Pau. Autrement dit, la requête en annulation qui devait être examinée, concernant l'affaire Censier, a été reportée au mardi 30 mars. Rappelons que cette requête a été déposée par Me Sagardoytho, l'avocat du jeune mineur (à l'époque des faits), qui a avoué en garde à vue être l'auteur des coups de couteau portés sur Jérémy Censier. Me Sagardoytho entend ainsi protester contre l'absence d'avocat en garde à vue, « ce qui est contraire à la convention européenne des Droits de l'Homme ». Un point d'autant plus sensible qu'il estime que les aveux, réellement prononcés par son client, ne correspondent peut-être pas à la vérité.

Béatrice Dillies

http://www.ladepeche.fr/article/2010/03/11/794768-nay-a-la-memoire-de-jeremy.html