PUBLIÉ LE 07/01/2011 09:11

Meurtre de Jérémy Censier : les parents redoutent la reconstitution

Hier, les parents de Jérémy ont été reçus, à Pau, par la juge d'instruction qui a repris le dossier sur le meurtre de leur fils en septembre, soit un peu plus d'an après le drame survenu le 22 août 2009, à Nay. Corinne, Joël et Carole Censier ont fait part de leurs doutes.
Lucile Pichenot a fait forte impression aux parents de Jérémy Censier et à la sœur du jeune Gersois assassiné le 22 août 2009, à Nay. Dans le bon, et dans le mauvais sens. Ils désespéraient de pouvoir rencontrer la juge d'instruction depuis qu'elle avait repris le dossier, en septembre dernier. La magistrate a réparé cette lacune, hier, à Pau. Mais le moins que l'on puisse dire, c'est que les proches de la victime sont sortis « frustrés » de cet entretien.
Vous teniez absolument à rencontrer la juge d'instruction avant la reconstitution prévue le 17 janvier. Pourquoi ?
Joël Censier : « Pour lui dire notre étonnement devant sa décision de libérer deux des principaux suspects et de les placer sous contrôle judiciaire avant la reconstitution. Pour lui demander des explications. Mais elle estime ne pas avoir à nous tenir informés sur ses motivations. Elle a été très ferme. Nos états d'âme, elle s'en fiche. Elle est juste là pour instruire un dossier à charge et à décharge. Le point positif, c'est qu'elle est visiblement très compétente. Elle va bétonner et bien ficeler le dossier. Il n'y aura pas de surprise quand on va arriver aux assises. Mais elle ne nous apporte pas ce qu'on attend : un peu de compassion et des explications sur les décisions prises. Sur les 85 dossiers qu'elle gère, elle dit que le nôtre est prioritaire. Je suis content. Mais c'est tout. Je me demande si nous ne sommes pas que des numéros. »
Comment sentez-vous la reconstitution à venir ?
« Mal ! Tous contestent avoir porté des coups mortels, y compris celui qui a avoué au départ. Dès lors qu'ils nient, ils ne mimeront pas les gestes. La reconstitution éclaira peut-être la position des témoins et l'emplacement des dix mis en examen sur le pont la nuit du meurtre. On verra sur le moment avec nos avocats si on peut faire émerger des contradictions. »
Comment voyez-vous la suite ?
« La juge d'instruction nous a dit que le meurtre en réunion, ça n'existe pas dans le droit français. Il faudrait revoir la loi à ce niveau-là. Sur la forme, elle a raison. Mais sur le fond, c'est débile. Pendant que huit ou neuf assènent des coups à un gamin, ils laissent le dixième le tuer et ils ne sont pas complices d'un meurtre ! Donc, on s'interroge. Va-t-il y avoir une requalification ? Il semble qu'elle ne l'exclut pas. Plus que jamais, aujourd'hui, je crois que les peines ne seront pas à la hauteur du crime commis. Je ne me fais plus aucune illusion sur le débat qui se fera aux assises. »
Propos recueillis par Béatrice Dillies


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