PUBLIÉ LE 02/04/2012 07:53 - MODIFIÉ LE 02/04/2012 À 10:31

Mort de Jérémy Censier : les candidats à la présidentielle interpellés

Les errements de la justice dans le dossier de Jérémy rajoutent à la douleur des parents du jeune Gersois assassiné lors des fêtes de Nay, en 2009. Pour éviter d'être envahis par la rage, ils ont décidé de porter leur combat sur le terrain politique. Samedi, ils ont participé à un débat avec des candidats à la présidentielle, à Paris.
Jérémy Censier avait 19 ans. Ce Gersois originaire de Saint-Cricq envisageait une carrière en uniforme, comme son père, policier au commissariat d'Auch. Mais un groupe d'une dizaine de personnes en a décidé autrement en l'agressant pour une raison inconnue, le 22 août 2009, lors des fêtes de Nay. Cette nuit-là, un jeune encore mineur a asséné des coups de couteau mortels. Mais ses aveux en garde à vue ont finalement été annulés par la Cour de cassation, au motif que ses droits n'avaient pas été respectés, faute d'avocat à ses côtés pendant toute la durée des auditions. Cette application stricte de la réforme de la garde à vue (avec effet rétroactif) et la remise en liberté sous contrôle judiciaire des principaux suspects (en attendant le procès) ont été vécues douloureusement pour les parents de Jérémy qui, depuis, n'ont de cesse de faire entendre la parole des victimes avec le soutien de l'Institut pour la justice. C'est un peu à leur initiative qu'un débat était organisé à Paris, samedi, à la Maison de la chimie, avec les principaux candidats à l'élection présidentielle. Près de mille personnes y ont assisté. Joël, le papa de Jérémy, livre ses impressions.
Votre impression d'ensemble sur cette rencontre ?
Je pense que nous avons été entendus et que les principales propositions ont été approuvées par les candidats présents à cette rencontre. C'est une avancée décisive, pour l'association, mais surtout toutes les victimes et leur famille.
Quel candidat a été le plus favorable à vos thèses ?
Nicolas Sarkozy a été très attentif et d'accord avec nous sur la possibilité d'appel des victimes. Il est favorable à la perpétuité réelle pour les délits sexuels. Il est pour les peines planchers, pour les délits à répétition. Mais nous retrouvons une adhésion identique avec Me Gilbert Collard (pour le FN), qui a insisté sur les possibilités d'appel des victimes, en les appuyant sur des cas concrets qu'il a défendus. Nicolas Dupont Aignan retient toutes nos propositions à l'exception de l'élection des procureurs.
Et François Bayrou ?
Il ne pouvait être présent samedi mais nous l'avions rencontré la veille et il nous a assuré de son soutien sur le problème de l'appel.
Et pour les autres ?
Certains dont le PS s'étaient fait représenter. Nous émettons des réserves sur cette participation, surtout vis-à-vis de M. Rimbaud qui a souvent été évasif.
Que retenez-vous de cette journée ?
Nous avons agi pour que plus personne n'ait à vivre un certain dysfonctionnement du système judiciaire. Il faut voir, maintenant, la suite, à l'issue des élections. Mais nous avons été entendus et je crois que les politiques ont compris ce que je dénonce depuis 31 mois, un problème sérieux du fonctionnement de la justice. Le système n'est pas ce que croient les Français.
Vous étiez à Paris comme victime ?
Je ne peux pas oublier ce que je vis. Mais j'y étais surtout pour éviter que d'autres puissent connaître, un jour, le calvaire qui est le mien avec mon épouse depuis l'été 2009.
Le procès : à quand ?
A quand le procès des agresseurs de Jérémy Censier. La bataille juridique autour de la réforme de la garde à vue, applicable ou nom au cas Censier est la cause du retard et des injustices ressenties par les parents face à l'annulation de pièces de procédure, notamment les aveux recueillis en garde à vue. Un avocat devait-il être présent à ce moment ?
« Nous avions bon espoir qu'il s'ouvre au printemps. Mais un nouveau pourvoi d'un avocat va encore retarder l'ouverture du procès. Je pense qu'il ne se passera rien avant septembre ou même la fin de l'année. »
La Dépêche du Midi

http://www.ladepeche.fr/article/2012/04/02/1321196-presidentielle-mort-de-jeremy-les-candidats-interpelles.html