23 mars 2013 | Mise à jour le 24 mars 2013
La cocaïne voyageait dans le jet d'Alain Afflelou
Quatre Français ont été arrêtés mercredi à bord d'un Falcon qui s'apprêtait à quitter la République dominicaine. À son bord, 680 kg de cocaïne.
Stupéfaction et colère. La saisie, mercredi à Punta Cana (République dominicaine), du Falcon 50 immatriculé F-GXMC bourré de cocaïne n'a pas fait rire Alain Afflelou. "Cet avion nous appartient en leasing, reconnaît-on dans l'entourage du grand patron français. Nous en avons confié la gestion à une société lyonnaise, la SN Trans Hélicoptère Services, qui vend des heures de vol à des gens qu'on ne connaît pas quand nous ne l'utilisons pas. Nous leur avons demandé des explications, en vain pour l'instant. Et nous avons mandaté notre avocat Me Temine pour nous porter partie civile dans cette affaire…"
Une affaire qui a fait grand bruit à Saint-Domingue. Pas seulement à cause de la saisie de 680 kg de cocaïne – l'île touristique est considérée comme une importante zone d'expédition pour la drogue sud-américaine –, mais aussi et surtout avec l'arrestation de plus de 30 personnes (militaires, douaniers, policiers…) impliquées dans ce trafic. Une corruption à tous les étages qui permettait aux trafiquants de "charger" leurs avions sans le moindre contrôle.
Gendarmes de Saint-Tropez et DEA américaine
Le Falcon devait-il, mercredi, s'envoler à destination de Saint-Tropez après une escale aux Açores pour faire le plein de carburant ? Il était en tout cas bien surveillé. Les gendarmes locaux et un juge de Draguignan avaient en effet ce jet dans le collimateur depuis le début de l'année à cause de ses passages répétés sur le petit aéroport La Môle-Saint-Tropez. Les agents de la DEA – l'agence américaine anti-drogue –, avaient, eux, infiltré depuis des mois ce réseau en attendant la bonne occasion pour le faire tomber. Jusqu'au flagrant délit, mercredi au petit matin.
Les 26 valises des occupants du Falcon viennent alors d'être mises en soute. Moteurs allumés, le Falcon est prêt au décollage quand un impressionnant dispositif policier se déploie… Quatre personnes descendent du jet privé, toutes de nationalité française. En catastrophe, l'OCRTIS (Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants) dépêche des enquêteurs sur place et la Jirs (juridiction interrégionale spécialisée) de Marseille se saisit du dossier initié par les gendarmes de Saint-Tropez.
Qui sont les acteurs de cette "Dominican connection" s'apprêtant à ramener en France 680 kg de cocaïne? Le gestionnaire du groupe se nomme Alain Castany. Âgé de 67 ans, il apparaît sur des registres du commerce comme directeur d'une société suisse spécialisée dans l'aéronautique (il aurait été radié en 2012), ainsi que dans l'immobilier à Paris et en Roumanie. Le Marseillais Nicolas Pisapia, 38 ans, serait son homme de main. Quant à Victor Odos, 54 ans, et Pascal Fauret, 43 ans, basés dans la région lyonnaise, ils étaient les deux pilotes de l'opération. Aucun n'apparaîtrait sur les fichiers de la lutte anti-drogue.
Selon une première estimation, la cargaison saisie représenterait une valeur marchande de plus de 20 millions d'euros, le kilo se négociant autour de 30.000 euros, contre 5.000 euros environ en République dominicaine.
Stéphane Joahny - Le Journal du Dimanche
http://www.lejdd.fr/Societe/Faits-divers/Actualite/La-cocaine-voyageait-dans-le-jet-d-Alain-Afflelou-598008