15 mars 2013 à 22:26
Police. La garde des Sceaux s’est dit, jeudi, favorable au projet condamné par le ministre de l’Intérieur.
Par LAURE BRETTON
L’analogie est militaire. «On appelle ça un tir de semonce et, généralement, ça veut dire que la guerre est plus proche que la paix», sourit un dirigeant socialiste après la diffusion, vendredi, d’une vidéo où la garde des Sceaux, Christiane Taubira, a ressorti des cartons le récépissé de contrôle d’identité. Un projet pourtant condamné par le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, et enterré par le chef du gouvernement, Jean-Marc Ayrault. Cécile Duflot, la ministre du Logement, était la dernière à en avoir parlé, fin octobre.
La défense du récépissé, une arme antidiscrimination, selon une grande partie de la gauche et des associations, et une réforme qui «ne coûte pas un euro», est d’ailleurs l’un des ciments de l’amicale ministérielle formée par Taubira, Duflot et leurs collègues de l’Economie solidaire, Benoît Hamon, et des Anciens combattants, Kader Arif. Dans laquelle certains voudraient voir un embryon de courant anti-Valls au gouvernement.
Plates-bandes. Invitée jeudi soir par le Mouvement des jeunes socialistes (MJS), Christiane Taubira «annonce la couleur très clairement» et se dit favorable au récépissé. «La responsabilité de la puissance publique est de mettre un terme à une ambiance, des inégalités, des injustices, des exclusions», déclare celle qui loue la «police républicaine» mais n’entend pas céder à son ministre.
Au petit jeu de celui qui marche sur les plates-bandes de l’autre, Valls avait commencé en réclamant des peines «aggravées» pour «ceux qui s’en prennent aux forces de l’ordre». «Les policiers ressentent, à bon droit sans doute lorsqu’ils paient de leur vie l’exercice de leur fonction, que la loi ne les protège pas, explique Taubira devant le MJS. Elle les protège, il y a plus de 39 incriminations qui ont des circonstances aggravantes quand elles sont commises contre des personnes détentrices de la force publique.» Soit une fin de non-recevoir par vidéo interposée.
Pour certains au PS, le départ, cette semaine, du directeur de cabinet de Taubira, Christian Vigouroux, peut expliquer en partie l’escarmouche.
Couac. Il était l’artisan du pacte de non-agression entre les places Vendôme et Beauvau. Evoquant même dans les colloques socialistes la création d’un ministère couvrant justice et police pour mettre fin à l’opposition ancestrale des deux maisons.
La droite a crié au couac vendredi en fin de journée, obligeant le cabinet de Taubira à sortir les rames : ces déclarations ont été «faites dans le feu de la discussion» et ne remettent «pas en cause les arbitrages du gouvernement».
http://www.liberation.fr/politiques/2013/03/15/controles-taubira-deterre-le-recepisse_888996