Le Point.fr - Publié le 15/01/2013 à 20:54 - Modifié le 16/01/2013 à 07:17
Deux dentistes parisiens sont soupçonnés d'abîmer volontairement des dents saines pour pouvoir poser des prothèses coûteuses
SOURCE SIPA
Les accusations portées par la CFDT-Santé sont graves. Selon les informations du Parisien, le syndicat dénonce depuis plusieurs semaines les pratiques illégales de deux praticiens officiant dans les centres de santé du Cosem, une association à but non lucratif, à Paris. Les courriers se sont multipliés. Dans le dernier, en date du 3 décembre, adressé au président de l'Union des caisses d'assurance maladie, le délégué CFDT Jean-Paul Boidard tire la sonnette d'alarme.
Selon lui, les médecins incriminés pratiquent une "politique de soins business" qui consiste à poser "des prothèses dentaires céramiques multiples, alors même que l'état dentaire des patients ne le nécessite pas". Des dents saines seraient par ailleurs dévitalisées dans le but de facturer des bridges et des couronnes à l'utilité contestable. Alors que des témoins corroborent les charges, la Sécurité sociale s'est saisie du dossier et mène actuellement des contrôles. L'Agence régionale de santé n'est pas en reste.
"C'était une horreur"
Une assistante dentaire ayant exercé avec l'un des suspects a accepté de se confier au Parisien sous couvert d'anonymat. "J'ai travaillé ponctuellement avec l'un d'eux au centre Atlas, dans le 19e. C'était une horreur. Il racontait à des pauvres gens qu'il allait leur faire une bouche de star sans qu'ils n'aient rien à débourser. Et les patients ne retenaient que ça, sans toujours comprendre vraiment ce que cela signifiait."
Les documents que s'est fourni le quotidien laissent peu de place au doute. Ce dentiste aurait réalisé à lui seul au mois de novembre 25 % du chiffre d'affaires du site, tandis que sur la même période, les poses de prothèses ont représenté 95 % de son activité.
Des "allégations mensongères" (Cosem)
Au centre Miromesnil, dans le 8e arrondissement de Paris, c'est le même discours. Les confrères d'une praticienne ont bien tenté d'attirer l'attention de leur direction par mail, en vain. "Nous avons parmi nous une personne usant de sa profession pour y exercer, notamment, des dérives de cotation dépassant toute mesure et quasiment systématiques" ont-ils ainsi écrit.
L'avocat du Cosem réfute l'intégralité de ces accusations, arguant que les contrôles menés dans les trois centres sont "permanents". Il déplore des "allégations mensongères". Elles "revêtent toutes les caractéristiques de la diffamation et ne visent, en attaquant grossièrement ses praticiens, qu'à nuire aux intérêts économiques et moraux" du Cosem.
http://www.lepoint.fr/societe/accuses-de-mutiler-leurs-patients-15-01-2013-1615386_23.phphttp://www.lepoint.fr/societe/accuses-de-mutiler-leurs-patients-15-01-2013-1615386_23.php