Des circonstances «invraisemblables», selon les chasseurs : un automobiliste qui roulait sur une départementale de l’Oise est mort dimanche après avoir reçu une balle en pleine tête. Les enquêteurs privilégient l’hypothèse de l’accident de chasse.
Le procureur de Senlis Hervé Têtier a indiqué qu’il y avait «suffisamment d’éléments pour estimer comme très vraisemblable que le tir provienne d’un groupe de chasseurs», lors d’un point presse.
Un homme de 76 ans, qui faisait partie de ce groupe, a été placé en garde à vue lundi à la suite d’une mise en situation. Il a reconnu avoir tiré à deux reprises en direction d’un sanglier quelques instants avant que le véhicule de la victime ne quitte la route. Les circonstances du drame restaient à déterminer, alors que la balle qui a atteint le conducteur en pleine tête, pendant qu’il roulait sur une route départementale à hauteur de la commune de Chamant, n’a pas été retrouvée. Celle-ci aurait suivi une trajectoire «invraisemblable», si l’accident de chasse était confirmé, selon Pierre de Boisguilbert, porte-parole de la Fédération nationale des chasseurs.
"La balle aurait ricoché... ça parait invraisemblable"
«L’homme qui a tiré est un chasseur confirmé. Il a touché un sanglier à la tête du haut d’un mirador le dos à la route, à plus de 150 mètres de distance et la balle aurait ricoché... ça parait invraisemblable», a-t-il estimé. Des spécialistes de la balistique se sont rendus sur place pour étudier les trajectoires. «Si cela était avéré que cela vienne de ce tir, la balle aurait fait un angle de 90 degrés pour revenir sur la route. Cet angle, en terme de probabilité, c’est quasiment impossible que ça se produise», a observé Guy Harlé d’Ophove, président de la fédération des chasseurs de l’Oise.
«J’ai beaucoup de compassion d’abord pour la famille de la personne décédée dans l’accident, et aussi beaucoup de compassion pour l’éventuel tireur», a-t-il ajouté. Ce dernier, «effondré» avait respecté les règles de sécurité, selon les chasseurs.
De leur côté les enquêteurs cherchaient toujours à déterminer si le tir était direct ou indirect. L’hypothèse d’un ricochet sur un sanglier n’est «ni exclue ni établie» selon M. Têtier. Les enquêteurs cherchent également à établir si toutes les règles de sécurité ont été respectées. Le tir ne peut être que «fichant», c’est-à-dire en imaginant la trajectoire de la balle et en visant le sol, selon les chasseurs, qui précisent qu’une balle est toujours tirée à l’horizontale, et le canon du fusil toujours orienté vers le bas. Si l’animal est manqué, la balle se fiche ainsi dans le sol.
Enfin, toute chasse est identifiée par des panneaux «chasse en cours» et les chasseurs portent des gilets fluorescents. Ils doivent aussi respecter une certaine distance et un angle de tir de 30 degrés. L’Association de protection des animaux sauvages (Aspas) a déjà annoncé son intention de porter plainte au tribunal de grande instance de Paris contre trois ministres de l’Ecologie, l’actuelle Delphine Batho, et ses prédécesseurs Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Louis Borloo. L’association dénonce le fait qu’aucun texte réglementaire en France n’encadre la sécurité liée à la chasse.
Trois personnes qui ne sont pas des chasseurs ont été tuées depuis l’ouverture de la saison : un enfant de 9 ans, un vigneron et l’automobiliste, a rappelé Pierre Athanaze de l’Aspas.
par AFP le 28/01/2013 à 18:47 | Mis à jour il y a environ 1 heure
http://www.ledauphine.com/faits-divers/2013/01/28/balle-perdue-un-chasseur-en-garde-a-vue-apres-la-mort-d-un-automobiliste