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| Sujet: Huit ans après, le mystère Popov Dim 13 Jan - 17:16
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| Huit ans après, le mystère Popov
Natalia Popov est morte brûlée vive en 2004 dans la région de Marseille. Son mari, Gennady, a été accusé, condamné puis acquitté. Leur fille, Anastasia, demande la réouverture du dossier.
Comment se construire quand, à l’âge de 12 ans, on perd sa mère, brûlée vive, et que l’on voit, sept ans plus tard, son propre père être condamné à quinze ans de prison pour ce meurtre avant d’être finalement acquitté? "Je suis repartie de zéro depuis longtemps. En fait, j’ai continué à vivre… Douloureux, ça le sera toujours. Mais je n’ai pas le choix. Il faut regarder la tragédie en face." Anastasia Popov a aujourd’hui 20 ans, d’immenses yeux bleus, une voix posée où se mélangent en douceur accents russe et méditerranéen, un petit copain marseillais, des projets d’études de psychologie et, surtout, un dernier bras de fer à mener avec la justice française. Pudique, la jeune Franco- Russe, longtemps placée dans une famille d’accueil, évoque "plusieurs phases" dans sa façon d’appréhender le drame et la mise en cause de son père, Gennady. "D’abord, il était hors de question pour moi que ce soit lui. Puis, à l’adolescence, j’ai eu une période plus froide où je ne savais plus… Depuis le premier procès, en septembre 2011, j’ai la certitude que ça ne pouvait pas être lui : ça ne tenait pas debout! Et depuis son acquittement, malgré son départ en Russie, on a su recréer des liens…" Elle se tient dorénavant aux côtés de Me Patrice Reviron, l’avocat du père, dans son combat pour la réouverture du dossier. "Il faut trouver le vrai coupable, insistet- elle. Je veux savoir pourquoi ma mère est morte." "Le piège s’est refermé sur lui"
La vie d’Anastasia a basculé le 4 octobre 2004 au Rove, petite commune située entre Marseille et l’aéroport de Marignane. Natalia, sa mère, était encore en vie quand une main criminelle a incendié l’Opel Vectra où elle se trouvait. Gennady, son mari, dit l’avoir attendue près de deux heures non loin, près d’une pizzeria où ils devaient dîner, avant de suivre les pompiers appelés par un riverain pour un incendie dans la garrigue… "Le piège s’est refermé sur lui", résume Me Reviron. La vie de Gennady Popov, né en 1969 à Tachkent (Ouzbékistan), est difficile à résumer. Tout semble réussir à ce fils de colonel de l’armée rouge. Que ce soient les études (histoire, droit, ingénieur en construction), le sport (escrime, pistolet, équitation, plongée…), les affaires (restauration, commerce, construction) et l’amour avec la belle Natalia, qui lui donnera une petite fille, Anastasia, en 1992. Restructurations, privatisations… En Russie, les années Eltsine profitent à une minorité. Popov est monté dans le bon wagon. Il devient par ailleurs consultant pour une société d’investissements américaine. La famille Popov parcourt le monde avant de se fixer en 2002 à Marseille avec un million d’euros en banque et des projets à réaliser : construction d’une usine à béton, création d’un complexe restaurant- commerces… Pas de preuve matérielle ni de mobile
Une mauvaise maîtrise du français, des imprécisions dans son emploi du temps, une dispute conjugale, des griffures suspectes, des pratiques commerciales pas toujours orthodoxes et sans doute, selon sa fille et son avocat, le cliché du "Russe riche donc forcément mafieux"… Les dénégations de Gennady Popov ne convaincront ni le juge ni les gendarmes chargés de l’enquête. Mais il n’y a pas de preuves matérielles, pas de mobile évident, aucun scénario cohérent. Popov, renvoyé au tribunal pour assassinat, est pourtant condamné en septembre 2011, à Aix-en-Provence, à quinze ans de prison pour le meurtre de son épouse. Avant d’être acquitté en appel, en juin dernier, par la cour d’assises de Nice. Cet acquittement est-il pour autant un certificat d’innocence? Non, a répondu le parquet d’Aix en refusant de relancer l’enquête, comme l’a demandé Me Reviron, au motif qu’il n’y aurait pas d’élément nouveau. Le procureur général d’Aix devrait trancher prochainement. "Le crime n’est pas prescrit et plusieurs pistes n’ont pas été explorées", argumente l’avocat aixois commis d’office voilà huit ans et qui porte depuis le dossier à bout de bras. "L’institution judiciaire doit contribuer à réparer ses erreurs en confiant ce dossier à un nouveau juge et à la brigade criminelle de Marseille. Anastasia a droit à la vérité."
Stéphane Joahny, à Aix-en-provence (Bouches-du-rhône) - Le Journal du Dimanche dimanche 13 janvier 2013
http://www.lejdd.fr/Societe/Actualite/Huit-ans-apres-le-mystere-Popov-585775
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