PUBLIÉ LE 04/10/2011 03:51

Manifestation

Joël Censier ne sera pas seul, ce matin, pour manifester devant le tribunal de Pau, en attendant que la chambre de l'instruction de la cour d'appel décide de requalifier (ou non) les poursuites contre le principal suspect dans le déchaînement de violence qui a coûté la vie à son fils Jérémy, le 22 août 2009, à Nay. Les soutiens viendront de L'Isle-Jourdain, où la famille Censier est bien connue, d'Auch où le papa a longtemps exercé le métier de policier, mais aussi des Hautes-Pyrénées d'où sont originaires deux autres victimes de la bande du jeune Samson.
Les avocats de ce dernier, mineur à l'époque des faits, ont toutes les raisons d'être confiants. Leur client a été libéré il y a quelques jours à cause d'un vice de procédure. Et, plus intéressant encore pour lui, il est le premier en France à bénéficier de l'annulation de tous les PV de garde à vue, suite à la réforme rentrée en application au printemps. ça tombe bien, c'est lors de cette garde à vue, le soir même des faits, qu'il avait avoué avoir donné les coups de couteau mortels… avant de se rétracter plus tard. Plus d'aveux, plus de dossier ? C'est bien ce que craint le père de la victime. « Samson n'avoue plus que les coups de couteau au visage ; c'est juste un délit ! soupire Joël désabusé. Les neuf qui étaient avec lui savent tous qui a tué, mais personne dit rien. Et alors, ils vont tous être poursuivi en correctionnelle pour ce crime atroce ? » Le long silence qui suit sa question souligne son angoisse. Comme sa femme Corinne, comme sa fille Carole et comme son fils Christophe, ce père meurtri redoute par-dessus tout que la justice le laisse sans réponse ni coupable désigné devant l'inacceptable.
Pourtant, le dossier n'a pas été vidé de sa substance avec l'annulation de la garde à vue. Il reste les confessions du jeune mis en cause devant l'expert psychiatre mandaté par le tribunal. Le 9 septembre 2009 ; il aurait ainsi évoqué « un coup de folie », ajoutant « ça me fait de la peine quand même d'avoir tué quelqu'un. Je regrette ». Jouait-il un rôle là aussi, pour donner du crédit aux aveux effectués pendant la garde-à-vue ?
Béatrice Dillies

http://www.ladepeche.fr/article/2011/10/04/1182739-manifestation.html