PUBLIÉ LE 24/11/2010 08:34

Meurtre de Jérémy Censier : une reconstitution et des révélations

Dix jeunes que la justice suspecte d'être impliqués dans le meurtre de Nay sont convoqués le 17 janvier pour participer à la reconstitution de l'agression qui a coûté la vie à un Gersois de 19 ans, le 22 août 2009. Jusqu'ici, il était question du mois de mars. Faut-il voir un lien entre cette nouvelle tombée hier et le coup de sang de Joël Censier, le papa de la victime qui a publiquement exprimé ses doutes (1) sur la justice jeudi dernier ? Quoi qu'il en soit, son texte publié sur www.jeremycensier.com a fait réagir Catherine Mariné-Bassi, une habitante des Pyrénées-Atlantiques. Car en citant le nom des deux suspects remis en liberté sous contrôle judiciaire le 22 octobre, Joël Censier a confirmé les soupçons qui la rongeaient depuis le meurtre. « Le nom de famille d'Albert a tout de suite fait écho chez moi », confie Catherine la voix tremblante à l'idée que son fils aurait pu lui aussi mourir dans les mêmes conditions que Jérémy, un mois et trois jours avant le drame. Et pour cause.
Déjà une agression le 18 juillet 2009
« Le 18 juillet 2009, mon fils était en train de faire son footing au bord du Gave, un walk man sur les oreilles, quand un groupe de huit jeunes sédentaires de la communauté des gens du voyage, des garçons et des filles comme pour Jérémy, lui a barré le passage. Mon fils connaissait le fameux Albert qui l'a interpellé en lui demandant s'il faisait du rugby. Puis Albert a dit : Enculé, fils de pute, on va te buter. Et de suite après, il a enchaîné un coup-de-poing et un coup de boule. Mon fils est tombé au sol. Les autres se sont précipités sur lui. Il a juste eu le temps de se relever, d'esquiver un nouveau coup et de s'enfuir en courant, poursuivi par ses agresseurs. Il était beaucoup plus rapide qu'eux, il s'est réfugié chez un monsieur qui l'a caché dans sa voiture pour l'amener à la gendarmerie où, dans un premier temps, on a refusé sa plainte. Il a fallu que j'insiste, depuis mon lieu de vacances et que je vienne avec lui un peu plus tard. Le monsieur qui a aidé mon fils n'a jamais été entendu. Une jeune fille s'est présentée spontanément comme témoin. Mais on m'a dit plus tard qu'elle n'était plus très sûre. Elle n'est pas venue à l'audience. Vous vous rendez compte ; mon fils a reconnu formellement Albert ! Il avait une ITT de six jours. Et ça n'a pas suffi à la justice ! Le 7 avril 2010, on a appris qu'Albert était relaxé. Aujourd'hui, les gens vivent dans la peur à Nay. Je ne suis pas là pour dénoncer l'origine des uns ou des autres. On s'en fiche. Mais il y a eu un meurtre ! On ne peut pas faire comme s'il ne s'était rien passé. Si on nous avait écouté, le Albert il aurait un casier aujourd'hui, et peut-être que sa demande de remise en liberté n'aurait pas été accordée. Tout ce qu'il me reste à faire maintenant, c'est de mettre tout en œuvre pour aider la famille Censier. Car on pourrait être à leur place. » Catherine s'arrête, épuisée par son récit. Les larmes coulent sur son visage.
(1) Lire notre édition de lundi
Béatrice Dillies

http://www.ladepeche.fr/article/2010/11/24/954737-meurtre-de-jeremy-censier-une-reconstitution-et-des-revelations.html