Nonagénaire expulsée : la "dignité humaine" bafouée selon Delaunay
Créé le 07-01-2013 à 14h31 - Mis à jour à 14h41
"Tous les feux sont au rouge", estime la ministre chargée des Personnes âgées après le renvoi d'une femme d'une maison de retraite, en raison d'impayés
La maison de retraite explique avoir cherché à contacter, à plusieurs reprises, les proches de la vieille dame, sans succès. Avant de décider de la reconduire à son domicile, à Brou. (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP)
En raison d'impayés, la pensionnaire d'une maison de retraite âgée de 94 ans de Chaville, dans les Hauts-de-Seine, a été expulsée, vendredi 4 janvier, se retrouvant à l'hôpital de Châteaudun, dans l'Eure-et-Loir.
Un dossier largement médiatisé ce lundi 7 janvier, et dont la ministre chargée des Personnes âgées, Michèle Delaunay, s'est emparée. Selon elle, l'établissement a agi "en violation du droit et de la dignité humaine".
"Une personne vulnérable a été expulsée sur décision du directeur à la veille d'un week-end, en période hivernale", souligne-t-elle, rappelant que la chambre d'un résident "est son domicile, sur le plan légal". "Tous les feux sont au rouge", estime la ministre.
Une enquête diligentée
La préfecture des Hauts-de-Seine a saisi lundi matin l'Agence régionale de santé (ARS) pour enquêter sur l'expulsion de la nonagénaire. "L'ARS se rend sur place en tout début d'après-midi (lundi, NDLR) et doit me rendre compte de la situation précise, même si les données sont déjà très étayées", a précisé Michèle Delaunay.
De son côté, la direction de la maison de retraite – à qui la pensionnaire serait redevable de plus de 40.000 euros – a dit lundi "regretter" une "décision maladroite". "On a voulu raccompagner cette dame dans sa famille. Trouvant porte close, on aurait dû la ramener chez nous et ne pas la laisser dans un hôpital. C'est une décision maladroite que je regrette", a affirmé Richard Claverie, coprésident des maisons de retraite Villa Beausoleil.
"Il ne s'agit pas d'une expulsion. Nous avons raccompagné la vieille dame chez l'un de ses fils (qui s'occupe administrativement de son dossier, ndlr) pour qu'il réagisse. Trouvant porte close, nous avons été pris de court", a expliqué Richard Claverie, assurant que la famille était au courant.
La famille préalablement alertée, selon la résidence
La maison de retraite, après avoir contacté à plusieurs reprises l'un des fils qui s'occupe administrativement du dossier de la vieille dame, avait décidé de l'emmener à son domicile à Brou, dans l'Eure-et-Loir.
Un premier préavis lui a été envoyé en recommandé fin novembre 2012, suivi d'un second courrier début janvier expliquant qu'il devait réagir avant le 6 janvier, selon la direction.
Ces deux courriers sont restés sans réponse d'après la direction qui assure avoir tenté de contacter l'homme par téléphone sans succès. La direction de l'établissement a également engagé une action devant le juge des référés de Nanterre qui a ordonné le paiement des arriérés.
L'un des fils s'oppose au retour de la vieille dame
Lundi, une ambulance a été envoyée à l'hôpital de Châteaudun, où la vieille dame est prise en charge, afin de la ramener à Chaville. Cependant, l'un de ses fils s'oppose à son retour à la maison de retraite, explique Richard Claverie. "Notre ambulancier a la consigne d'attendre mais de ne rien faire", précise-t-il.
Le tarif de base dans cette structure s'élève à 124 euros par jour, selon la direction.
http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20130107.OBS4642/nonagenaire-expulsee-la-dignite-humaine-bafouee-selon-delaunay.html?xtor=RSS-17