Le banditisme corse en lumière au procès du cercle parisien de jeux Wagram
Publié le jeudi 06 décembre 2012 à 07h07
Le procès de dix membres et alliés présumés d'un clan de truands corses s'est ouvert mercredi à Paris pour « association de malfaiteurs et extorsion » autour du cercle de jeu parisien Wagram, une affaire emblématique de ce phénomène criminel.
L'épisode qui est jugé par le tribunal correctionnel de Paris donne une idée crue des mœurs des gangs corses. Des écoutes téléphoniques menées en 2011 sur les membres d'un premier clan soupçonné d'exploiter le Wagram à des fins de blanchiment avaient permis aux policiers de vivre en direct la prise de contrôle de l'établissement par un clan rival.
Ce sont aujourd'hui les membres supposés de ce second clan qui comparaissent. Le Wagram est sous le coup d'une fermeture administrative, et la justice poursuit l'enquête sur le premier clan « déposé » lors du putsch, où aurait officié Jean Testanière, proche de nombreuses personnalités parisiennes du show-business.
Les « victimes » du putsch, notamment Jean Testanière, ne sont pas parties civiles et ne se sont pas rendues à l'audience. Les supposés « assaillants » nient vigoureusement les faits et parlent de relations d'affaires. Ils n'ont pu s'exprimer eux-mêmes dans une première audience consacrée aux formalités.
« Il n'y a pas eu de sang, pas une victime même. Parce que les victimes, parlons-en. Ce sont des victimes bien étranges, ce sont des gens comme Jean Testanière qui sont tous mis en examen pour des faits autrement graves », a dit Me Francis Vuillemin, avocat d'Hervé Pacini, ancien banquier du cercle. Il soutient qu'il n'a participé à aucune association de malfaiteurs et qu'il souhaitait simplement en 2011 reprendre sa place dans le monde des jeux où il a toujours travaillé. Les autres prévenus entendent aussi plaider la relaxe comme lui.
Un rôle de « lessiveuse »
Le Wagram, proche des Champs-Elysées, était une véritable institution de la nuit de Paris avec plus de 1000 m2 sur trois niveaux et 167 employés, prospérant sur la mode du poker. Géré conjointement avec l'Eldo - 300 m2 et 96 employés -, situé dans le IIIe arrondissement, il était selon l'accusation la cible du grand banditisme en raison de la facilité d'en sortir des espèces et d'y blanchir de l'argent.
Parmi les présumés « putschistes » figure un ancien employé du Wagram devenu acteur, Frédéric Graziani, qui a notamment joué dans la série télévisée « Mafiosa », mettant en scène un gang corse dirigé par une femme et dans laquelle une scène similaire à celle du putsch a été tournée. Il nie les faits.
Le procès se prolonge jusqu'au 21 décembre.
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