Publié le 18/12/2009 à 00h00
Le braqueur multirécidiviste Antonio Ferrara, surnommé le « roi de la belle » depuis son évasion de Fresnes en 2003, a été transféré hier à la prison de Sequedin. Le syndicat UFAP parle d'une structure inadaptée pour un tel profil.
Le « roi de la belle » arrive dans le Nord
BRUNO RENOUL > bruno.renoul@nordeclair.fr
Son nom évoque tout de suite les images spectaculaires de l'évasion de la prison de Fresnes, en mars 2003, lorsque de faux policiers armés de lance-roquettes avaient permis la fuite de celui qui est surnommé le « roi de la belle ».
L'Italien Antonio Ferrara, âgé de 36 ans, dit « Nino », un braqueur multirécidiviste spécialisé dans les braquages de fourgons blindés, pour lesquels il avait mis au point une méthode inédite d'attaque à l'explosif, est désormais Nordiste. Hier, il a été extrait vers 5 h de Fleury-Mérogis, où il est incarcéré depuis la fin de sa cavale, en juillet 2003. Escorté par un peloton d'intervention de la gendarmerie, et sous la surveillance d'un hélicoptère, il a rallié la maison d'arrêt de Sequedin, vers 7 h 30. Il a alors été immédiatement affecté à une cellule du quartier « maison centrale », qui accueille 32 détenus réputés dangereux.
« On était dans le cadre d'un transfert de niveau 4, qui est le plus élevé », nous explique-t-on. Compte tenu de la dangerosité du client, l'opération a été placée sous le sceau du plus grand secret. Ferrara a été rebaptisé « Ferdinand » pour l'occasion, afin d'éviter les fuites. Même son avocat, Me Lionel Moroni, n'a pas été mis dans la confidence. « Ils ne nous avertissent pas pour un profil de ce genre, pour des raisons évidentes de sécurité », précise-t-il.
« Un bunker inhumain »
Les raisons de ce transfert n'ont pas été précisées, même s'il semble qu'il soit lié aux demandes répétées d'Antonio Ferrara pour que soit levée sa mise à l'isolement, qui se traduit par un changement de cellule régulier et une mise à l'écart des autres détenus. « Cela fait des années qu'on réclame qu'il ne soit plus à l'isolement, c'est une situation qui est devenue inadmissible et intolérable », poursuit Me Moroni, qui rappelle que son client a été acquitté deux fois cette année, en mars et en décembre, pour des attaques commises à Gentilly et Toulouse, en 2000 et 2001. À Fleury-Mérogis, Antonio Ferrara mobilisait à lui seul douze agents pénitentiaires. Selon le syndicat UFAP, le roi de la belle « ne posait pas de problème, il était poli, avait de bons rapports avec l'encadrement, mais son statut rendait obligatoires la mise en place de procédures contraignantes » .
Du côté des syndicats pénitentiaires, la nouvelle hier matin de l'arrivée à Sequedin de cette figure du grand banditisme a été accueillie fraîchement. FO réclamait hier des effectifs supplémentaires pour assurer la sécurité du quartier maison centrale. Du côté de l'UFAP, on affirme même que ce quartier - une première en France, il a été inauguré en juin 2008, après la fermeture du quartier mineurs - est inadapté à l'accueil des détenus dangereux et de cette célébrité en particulier. « L'administration a fait de ce quartier un vrai bunker, totalement inhumain pour les détenus qui y sont incarcérés , estime Étienne Dobremetz, délégué UFAP pour Sequedin et Loos. Ils ne peuvent pas faire de sport, sont mis à l'écart du reste de la prison, disposent d'une toute petite cour de promenade et ne quittent guère leur cellule, ce qui crée un climat tendu. Ils sont comme des lions en cage. » Toujours selon le syndicat, les surveillants affectés au quartier, qui doivent en principe disposer d'une formation spécifique, viennent seulement d'être convoqués pour leur stage. Reste qu'Antonio Ferrara ne finira sûrement pas sa détention à Sequedin : selon son avocat, si on empile toutes ses condamnations, il n'est pas libérable avant 2035.w Sollicitée, la direction interrégionale des services pénitentiaires n'a pas souhaité répondre à nos questions.
Nord Éclair
http://www.nordeclair.fr/Actualite/2009/12/18/le-roi-de-la-belle-arrive-dans-le-nord.shtml