Le Point.fr - Publié le 18/03/2013 à 11:49
Trois fonctionnaires se sont suicidés en quelques jours.
Une lettre a été envoyée au directeur central de la PJ pour dénoncer des dérives.
Par SIHEM SOUID
Le changement, c'est probablement maintenant, c'est certainement partout, mais sûrement pas dans la police nationale. Les faits divers sordides n'attirent plus l'attention des autorités compétentes ni des médias, mais le malaise est bien présent. Une adjointe technique de la police judiciaire âgée de 53 ans s'est récemment ouvert les veines dans une antenne de la police judiciaire de Versailles installée à Melun. La fonctionnaire disait faire l'objet de harcèlement moral au travail et plusieurs plaintes avaient été déposées la semaine précédant ce geste irréparable. Le 13 mars, un policier de 23 ans a mis fin à ses jours à Sarcelles. Le 14 mars, un autre policier de 30 ans a tenté de se suicider dans le sous-sol du commissariat. Alertés par la détonation, ses collègues l'ont retrouvé gisant sur le sol, baignant dans son sang. Transporté par les pompiers en état de mort cérébrale, le gardien de la paix est décédé le lendemain.
Ça suffit ! L'hécatombe policière reçoit le soutien de syndicats impuissants, le mépris d'une hiérarchie obnubilée par "les chiffres" et des Français toujours plus exigeants lorsqu'il s'agit de leur sécurité. Une police incapable de se protéger elle-même peut-elle protéger des millions de citoyens ? Non. Une lettre ouverte, écrite par le secrétaire général adjoint de la CGT le 14 mars, a été envoyée à Christian Lothion, directeur central de la police judiciaire, pour dénoncer le "management féodal", "le non-respect des rythmes de travail humainement acceptables" ou encore "le non-respect de la liberté syndicale".
Le courrier n'a pas encore obtenu de réponse, mais le silence est devenu dans la hiérarchie policière une norme, et pour les policiers en exercice, un devoir. Ainsi, Le Monde a révélé le 14 mars que sept policiers avaient été "mutés de force après avoir dénoncé des dérives dans leur service". Il s'agissait de faits graves, notamment de vols, de corruption, d'alcoolisme ou encore de dégradations. Le silence, le sacro-saint silence, vous disais-je. Ce silence qui tue, en toute impunité.
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