Suicide d'une femme gendarme: la famille dépose plainte pour meurtre et "harcèlement
- Publié le 13/06/2012 à 10:49 - Modifié le 13/06/2012 à 10:50
La famille de Myriam Sakhri, retrouvée morte avec son arme de service à proximité, "souhaite qu'une information judiciaire vienne définitivement élucider les circonstances précises" de ce décès, explique dans son texte Me David Metaxas.
La famille d'une femme gendarme de 32 ans qui s'est suicidée le 24 septembre 2011 dans son appartement de la caserne de Lyon, selon l'enquête conduite par le parquet, a déposé plainte contre X pour "homicide volontaire" et "harcèlement moral", a-t-on appris mercredi auprès de son avocat.
Cette plainte avec constitution de partie civile, qui fait suite à une plainte simple déposée fin octobre, entraîne la désignation d'un juge d'instruction qui peut choisir de mener l'enquête, de "refuser d'informer", de se déclarer incompétent ou de juger la plainte irrecevable.
La famille de Myriam Sakhri, retrouvée morte avec son arme de service à proximité, "souhaite qu'une information judiciaire vienne définitivement élucider les circonstances précises" de ce décès, explique dans son texte Me David Metaxas.
Les proches de la jeune femme estiment en effet que la thèse du suicide, "hâtivement avancée", reste "difficilement explicable" au vu de la personnalité de la fonctionnaire, et rappellent qu'elle intervient dans un contexte professionnel "pour le moins particulier".
A l'appui du chef "d'homicide volontaire" qu'il propose, Me Metaxas s'étonne "qu'aucun témoin ne se soit manifesté" alors que le coup de feu mortel a été tiré dans la caserne, et insiste surtout sur le "tempérament affirmé, combatif et déterminé" de la jeune femme.
Selon une source judiciaire, l'enquête a révélé que les appartements mitoyens étaient vides lors du décès, survenu dans la nuit de vendredi à samedi. Et d'après les sonomètres posés chez les voisins pendant la reconstitution, "un tir à bout touchant" était moins audible qu'une porte claquée.
Par ailleurs, Mme Sakhri a été retrouvée avec un "taux d'alcoolémie élevée", a appelé son avocat de l'époque dans la nuit pour lui dire qu'elle allait très mal, et a laissé un mot visant un de ses responsables, "Merci à G... le connard", a précisé la même source.
Mais l'essentiel de la plainte est consacrée aux accusations de "harcèlement moral", évoquant des "actes répétés d'intimidation, d'injures à connotation raciste souvent", dont la dénonciation se serait heurtée à l'inertie de la hiérarchie, selon Me Metaxas.
"Ainsi, il a été reproché à Mme Sakhri de dénoncer les attitudes ouvertement racistes de ses collègues, affectés comme elle au centre d'appels, à l'encontre d'administrés", explique l'avocat, rappelant que sa cliente avait été placée en arrêt maladie "en conséquence des agissements subis".
Peu après le décès, l'Association de défense des droits des militaires (Adefdromil), qui revendique 1.500 adhérents, avait révélé que Myriam Sakhri l'avait contactée à deux reprises "pour lui faire part de sa souffrance morale qui résultait de son travail".
Selon la source judiciaire, la fonctionnaire faisait par ailleurs l'objet de deux procédures: l'une pour usage frauduleux de fichiers après avoir renseigné une amie de sa mère sans nouvelles de sa fille, et l'autre pour "abus d'autorité" après avoir brièvement placé en garde à vue une adolescente sans en avoir le droit.
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