NATIONAL : le défenseur de l'US Créteil-Lusitanos a frôlé la mort en juin 2012 dans un accident de car survenu en République Dominicaine.
STÉPHANE BIANCHI | Publié le 25.01.2013, 06h36
Il fait donc, lui aussi, partie de cette frange de footballeurs à avoir déjà alimenté la rubrique des faits divers. Rien à voir, pourtant, avec le cocktail détonant d’ordinaire répandu dans sa corporation. Dans l’histoire de Jérémy Cordoval (23 ans), il n’est ni question de relations tarifées, ni d’escapades nocturnes.
Plutôt d’une sortie de route aussi dramatique qu’improbable et de vacances de rêve qui, en quelques secondes, virent au cauchemar.
Le 7 juin dernier, le latéral gauche de Créteil et sa compagne, Camille, étaient en effet dans le « fameux » bus de touristes percuté par un train de marchandises en République dominicaine. Si l’opinion publique a sans doute oublié le drame, Cordo, lui, ne « le gommera jamais de [son] esprit ». Sept mois après, tous les détails de l’accident sont encore vivaces. « Le chauffeur qui conduit comme un fou », « son accélération à 50 m du passage à niveau », ce « choc d’une violence incroyable ». Les images défilent à la vitesse de l’éclair dans sa tête. « Je vois les phares du train me fondre dessus, je saute de mon siège et… bam, le train tape deux mètres derrière moi, récite-t-il, les yeux dans le vide. D’un seul coup, tu es dans un film, tout devient irréel. Tu vois les gens crier, mais tu n’entends rien, le bus fait une rotation à 360 degrés, retape le train, fait des tonneaux et tombe dans un champ… Tout s’arrête, le son revient et, là, c’est la panique! »
Dans le bus, bien sûr, où les passagers valides tentent de se libérer comme ils peuvent de la tôle froissée. Mais aussi dans sa tête à lui, secouée par la vision du couple de jeunes mariés assis juste derrière, « qui ne repartira pas à deux », et de sa copine inanimée, « comme morte », qui mettra quelques secondes avant de reprendre connaissance et sortir du tas de ferrailles. « Là, on relativise tout », glisse le natif de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), formé à Troyes et passé par Beauvais et Cannes. Le présent, cette satanée misère locale qui, malgré les corps sans vie (l’accident a fait 3 morts et 23 blessés), « voit les gens piller le bus sans scrupules ». Mais aussi et surtout l’avenir.
« C’est con à dire mais, après ça, tu vois la vie sous un autre angle, tu fais en sorte d’en profiter tous les jours car tu as conscience que ça peut s’arrêter n’importe quand, sans prévenir. Moi, ça m’a boosté… »
Depuis, Camille n’a toujours pas repris le bus… Mais elle est enceinte de leur premier enfant. Jérémy, lui, voyage normalement même s’il « pose beaucoup de questions et s’énerve au moindre coup de frein ». Il est surtout devenu le Monsieur Plus de Créteil. Plus petit joueur de l’effectif (« entre 1,66 m et 1,69 m », se marre-t-il), l’un des plus rapides (« avec Baga Dabo »), il a aussi conscience d’en être le plus chanceux, « une sorte de miraculé », et, du coup, peut-être l’un des plus heureux.
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