En juillet, ces fonctionnaires d’Epinay ont plongé dans la Seine afin de repêcher des jeunes tombés avec leur voiture.
Ne lui parlez pas d’acte d’héroïsme. « On a fait notre job », résume Pascal Legros, chef de la police municipale d’Epinay. Le 25 juillet dernier, avec six de ses agents, il avait ôté prestement son uniforme et ses rangers pour plonger dans la Seine et repêcher les deux occupants d’une Clio qui venait de sombrer dans le fleuve, à L’Ile-Saint-Denis.
Le troisième passager avait réussi à regagner la berge. Un occupant avait pu être ranimé grâce au massage et au bouche-à-bouche prodigués par les policiers. Steefan, 19 ans, le conducteur, était décédé quelques heures plus tard, malgré les soins. Ces trois jeunes, âgés de 15, 17 et 19 ans, étaient originaires du quartier d’Orgemont à Epinay. A la suite d’une manœuvre malencontreuse, leur véhicule avait basculé dans l’eau.
Aujourd’hui, les sept membres de la police municipale recevront des mains du préfet, à Bobigny, la médaille d’honneur pour actes de courage et de dévouement. « La plus belle distinction. Elle est bleu, blanc, rouge. C’est un symbole fort », indique Pascal Legros, visiblement ému.
Cet ancien parachutiste de 41 ans dirige son équipe de vingt-deux policiers depuis trois ans avec une rigueur toute militaire. « Nous sommes les soldats de la loi, déclare-t-il, investis d’une vraie mission de police pure orientée vers la sécurité publique. » Et il confesse ne pas s’accorder de répit, branché sur le canal « mairie » 24 heures sur 24.
Le jour de l’intervention, il est en patrouille avec son unité lorsqu’un témoin de l’accident appelle : « Une voiture est tombée dans l’eau, côté Epinay ! » Les premiers renseignements s’avèrent parcellaires. Car une fois sur place, ils s’aperçoivent que le véhicule est tombé de la berge opposée, côté L’Ile-Saint-Denis. Un rescapé parvient à rejoindre la rive. Il a tout tenté pour sauver ses copains de la noyade. En vain. Quand la police arrive, les deux autres ont déjà séjourné plusieurs minutes dans la Seine. « Nous nous sommes tous mis à l’eau. Nous n’avons pas eu besoin de parler, il a suffi que l’on se regarde. Puis nous avons constitué une chaîne avec mes hommes », raconte le chef de la police. La femme de l’équipe est restée sur le bord pour assurer la liaison avec les secours.
Dans les flots saumâtres, les policiers parviennent à sortir de la nasse le deuxième passager. Il a réussi à s’extirper de l’habitacle de la Clio en passant par le coffre, racontera-t-il par la suite aux enquêteurs. « L’autre, nous sommes allés le chercher à tâtons dans la voiture. On ne voyait rien avec la vase et les péniches qui créaient des remous », se souvient Pascal Legros. Le jeune homme est remonté à la surface, mais il est en arrêt cardiaque. Les pompiers prennent alors le relais.
Depuis, trois mois et demi se sont écoulés. « C’est un beau travail de policier, avec du savoir-faire et du savoir-être, reconnaît le patron de la police municipale. On ne sauve pas tous les jours des vies. »
A Epinay, Pascal Legros tient à recruter lui-même ses hommes, tous taillés dans la même étoffe que leur chef. Cependant, le sauvetage du 25 juillet a fait vibrer une corde sensible sous les calots. « Nous sommes sortis grandis », confie-t-il. Le lendemain, « on était tous au boulot ». Pas le loisir d’avoir des états d’âme.
Source : Le Parisien
Édition : News Infos