Le Point.fr - Publié le 12/02/2013 à 12:19
Campagne de prévention, voire grande cause nationale, les pouvoirs publics se mobilisent - enfin ? 11 000 personnes ont mis fin à leurs jours en 2011.
En France, 220 000 personnes tentent chaque année de mettre fin à leurs jours : parmi elles, 11 000 en sont mortes en 2011, soit près de 3 fois le nombre de décès sur la route au cours de la même année ! Ces chiffres et les messages d'alerte émis régulièrement par les professionnels de la santé mentale vont peut-être - enfin - déboucher sur des actions concrètes. Dans un projet d'avis qu'il a rendu mardi matin, le Conseil économique, social et environnemental (Cese) plaide pour la création d'un observatoire national des suicides et il préconise le développement d'une prévention active du suicide autour de plusieurs axes.
Cet observatoire - réunissant des médecins et des sociologues avec l'appui des acteurs de terrain - devrait valoriser les résultats de travaux de recherche français et étrangers, travailler en lien étroit avec des centres territoriaux de prévention du suicide. Il aurait aussi pour mission d'analyser et de partager les données épidémiologiques, cliniques et sociologiques relatives au suicide. Les auteurs de cet avis estiment que la centralisation de ces données et leur homogénéisation contribueraient à l'identification des facteurs de risque et à l'évaluation des pratiques préventives et permettraient ainsi à un meilleur ciblage des actions de prévention.
Lors des 17es journées nationales de prévention du suicide organisées le 8 février dernier au ministère de la Santé, l'Union nationale pour la prévention du suicide (UNPS) avait insisté sur la nécessité de poursuivre le repérage des situations à risque et des personnes en difficulté, en particulier dans les services de santé au travail et les lieux d'accueil des jeunes. "Il ne faut plus attendre les demandes", avait déclaré sa présidente Françoise Facy. Elle avait pointé la nécessité d'"implanter et de structurer des réseaux à l'échelon du territoire entre les associations, les professionnels de santé et les professionnels d'autres secteurs, comme la justice, l'éducation et le travail".
"Réel engagement des professionnels"
La présidente de la fédération avait, par ailleurs, indiqué que le programme national d'actions de prévention du suicide, lancé en septembre 2011, avançait "à son rythme", mais qu'il était cohérent avec la politique publique menée dans la continuité de la stratégie nationale d'actions face au suicide 2000-2005. Elle notait un "réel engagement des professionnels", qui a permis une baisse de la mortalité par suicide, même si toutes les classes d'âge ne sont pas impactées de la même manière.
Pour tenter d'améliorer l'efficacité et la cohérence des mesures, le Cese estime qu'il faut articuler plus étroitement le Plan de prévention du suicide et le Plan psychiatrie et santé mentale. Il recommande de mieux promouvoir les dispositifs d'alerte avec une sensibilisation des proches et une mobilisation des professionnels. Les enseignants, les éducateurs, les agents de Pôle emploi ou encore le personnel pénitentiaire doivent travailler en synergie avec la médecine scolaire, celle du travail ou les spécialistes de la psychiatrie.
Pour finir, le Cese pense qu'il faut faire de la prévention du suicide "l'affaire de tous". Pour cela, il préconise de l'élever au rang de grande cause nationale. Certes, la décision ne se prendra pas aujourd'hui, mais la "feuille de route" que la ministre de la Santé, Marisol Touraine, va présenter cet après-midi est très attendue.
Par ANNE JEANBLANC
http://www.lepoint.fr/editos-du-point/anne-jeanblanc/prevention-du-suicide-l-affaire-de-tous-12-02-2013-1626646_57.php