mardi 15 janvier 2013
Les obsèques de Bruno, surnommé Cody, ont lieu aujourd'hui, à 15heures,
en l'église Saint-Antoine de Compiègne.
Alors qu'ont lieu aujourd'hui, à Compiègne, les obsèques de Bruno, ses parents racontent quelle a été leur vie au côté de cet enfant trisomique. Le garçon avait disparu le 18 décembre. Son corps a été retrouvé le 9 janvier.
Martial et Patricia, les parents de Bruno, qu'ils surnomment Cody, ont été impressionnés par l'élan de solidarité qui a suivi la disparition de leur fils. Trisomique, il fait partie des enfants qu'on qualifie d'«anormaux». Pendant ces trois semaines de recherches, ils ont aussi lu ou entendu des propos «ignobles» sur la maladie de leur enfant, constatant que les personnes atteintes de trisomie sont souvent réduites à «des boulets», pour qui on n'a «aucune considération». C'est l'image inverse qu'ils garderont de leur fils.
«Cet enfant, on l'a voulu, depuis le début. On savait qu'il allait être trisomique, les médecins nous ont prévenus, en nous disant que ça allait être un fardeau. Mais c'est 17ans de bonheur que nous avons vécus», confie Martial. De l'enfance de Cody, ils gardent le souvenir d'un bonhomme «espiègle», qui a tout de suite pris une place énorme. «Contrairement aux autres enfants, on savait que Cody vieillirait avec nous, enfin, on le pensait», lance sa mère.
Selon elle, avec un tel gamin, impossible que le couple se déchire. «Il a toujours été celui qui rassemble. Comme dans tous les couples, il y a des moments où on se disputait. Mais ça ne durait jamais longtemps, car il venait me chercher et m'obligeait à venir embrasser sa mère, pour qu'on se réconcilie», se souvient Martial, le sourire aux lèvres.
Impossible également de se fâcher très longtemps contre l'enfant qui fait une bêtise: « Il n'a jamais reçu de fessée, jamais. Quand je me mettais à crier contre lui, parce qu'il traînait à la console au lieu de venir manger par exemple, il me regardait, et faisait un geste avec la main en disant "T'es folle Baba". Même si j'essayais de rester sérieux, ça finissait vite en éclat de rire. Ces enfants qu'on dit anormaux ne ressentent pas les choses comme nous. Il ne connaissait pas la jalousie, la méchanceté. Ils ne sont pas bêtes, ils ont une autre intelligence», continue Martial.
Chaque nuit, ils sont sortis le chercher
Sa mère se souvient de l'enfant tendre, qui adorait danser des slows avec elle. Pour lui faire plaisir, il préparait souvent son petit-déjeuner, ce qui a parfois donné lieu à des situations comiques. «Au départ, il mélangeait tout: le café, le jus d'orange, tout. Après, je lui ai appris comment faire, et c'était parfait».
Pendant les trois semaines de recherches, ses parents ont gardé espoir de retrouver leur fils vivant. Chaque nuit, ils sont sortis le chercher, espérant qu'il réponde à leur appel. Aujourd'hui, l'heure est au deuil: «Ça va être dur sans lui. Il prenait tellement de place dans notre vie...»
CINDY LÉCRIVAIN
http://www.courrier-picard.fr/courrier/Actualites/Info-regionale/Cody-nous-a-donne-17-ans-de-joie