15.01.13 à 05h00

Le Parquet d’Epinal a demandé des analyses génétiques sur le cœur trouvé dans du linge sale à Malzéville. Les premiers résultats rendus par un médecin légiste laissent penser qu’il s’agit d’un cœur de sanglier.

MIRECOURT-MATTAINCOURT
Le principe de précaution. C’est ainsi que l’on pourrait résumer les initiatives prises par le Parquet d’Epinal afin d’identifier à 100 % la nature du cœur retrouvé dans un paquet de linge sale en fin de semaine dernière.

Pour rappel, cette découverte surprenante a été faite à Malzéville (54) au sein d’une entreprise spécialisée dans le nettoyage de textiles.

C’est en sortant le linge sale, récupéré dans diverses structures de Lorraine, que des employés ont trouvé cet organe.

Le cœur en question aurait été retrouvé dans du linge qui proviendrait de l’un des deux établissements médicalisés de l’hôpital du Val du Madon (Mirecourt ou Mattaincourt).

L’organe a ensuite été transmis aux autorités vosgiennes afin de mener des analyses. Un technicien en identification criminelle s’est chargé d’amener le cœur à un médecin légiste spinalien qui a rendu ses résultats hier matin.

« Il semblerait qu’il s’agisse d’un cœur d’origine porcine. Il s’agirait plus précisément d’un sanglier. Mais nous ne pouvons pas exclure la moindre hypothèse » , explique le procureur de la République Etienne Manteaux afin de justifier la sollicitation d’analyses complémentaires. « L’homme et le porc ont un système génétique très proche l’un de l’autre » , affirme le procureur. Pour preuve, les ressemblances sont si importantes d’un point de vue anatomique et physiologique que le porc est déjà utilisé pour la chirurgie cardiaque.


LES RÉSULTATS CONNUS CE MATIN

C’est un laboratoire d’analyses génétiques basé à Epinal (le seul de ce type dans le grand Est de la France) qui mène ces recherches complémentaires. Les résultats devraient être connus ce matin.

Si les résultats viennent à confirmer les conclusions du médecin légiste, le Parquet ne donnera pas de suite à cette affaire pour le moins déroutante. « Si ce n’est pas un cœur humain, il s’agit alors d’une blague d’un très mauvais goût. Mais cela ne constitue pas en soi une infraction pénale. En l’occurrence, nous ne ferons pas plus d’investigations. Mais si c’est un cœur humain, alors il y aura une enquête » , lance le procureur de la République. Si les résultats d’analyse vont apporter une réponse définitive sur l’origine de l’organe, une question reste toujours sans réponse : comment ce cœur est-il arrivé là ? Au regard du retentissement de l’affaire, il n’est pas garanti qu’il y ait un jour une réponse. Mais le directeur de l’hôpital, lui, compte bien en trouver une (lire ci-dessous).

Sergio DE GOUVEIA

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LE DIRECTEUR DE L’HÔPITAL : « AU DÉPART, ON NOUS A PARLÉ D’UN MORCEAU DE VIANDE »

Un retour de congés plutôt insolite, voilà à quoi a été confronté François Fouchet, le directeur des établissements du Val de Madon.
Alors qu’il terminait bien tranquillement ses vacances, le responsable a reçu un coup de fil du cadre d’astreinte de l’hôpital lui annonçant cette nouvelle déconcertante : un cœur a été trouvé dans du linge de l’un des deux établissements dont il a la gestion. « Au début, nous avons reçu un mail de la société de nettoyage. On nous a expliqué que les employés avaient retrouvé un morceau de viande. On nous l’a alors rapatrié… »
Autant dire que l’effet de surprise a été radical lorsque le cadre de l’établissement a découvert qu’il ne s’agissait pas d’un vulgaire morceau d’échine ou de jarret. Et c’est en toute logique que ce dernier a immédiatement téléphoné à la gendarmerie de Mirecourt afin d’analyser l’organe en question.
Tenu informé de l’évolution des expertises, François Fouchet se dit en partie rassuré depuis qu’on lui a annoncé qu’il s’agissait probablement d’un cœur de sanglier. Mais il n’empêche qu’il se pose de nombreuses questions : « Comment cet organe est-il arrivé là ? Quelles sont les motivations de la personne ayant eu cette idée ? Le cœur a-t-il été mis là au sein de son établissement ou après le ramassage du linge pendant le transport ?…. » Bref, beaucoup de questions sans réponses. Son instinct lui fait penser qu’il s’agit d’un acte de malveillance plutôt qu’un vulgaire canular. Mais rien n’est moins sûr…
Bien entendu, si les analyses viennent à confirmer l’origine animale, aucune suite judiciaire ne sera donnée à cette affaire. Mais François Fouchet, lui, compte mener sa petite enquête même si la tâche s’annonce ardue : « La seule certitude que j’ai, c’est que c’est un chasseur, ou un proche d’un chasseur, qui a mis le cœur dans le linge. Il y a sur l’organe une entaille spécifique que font les chasseurs afin de vider l’organe de son sang. Pour le reste, je pensais que la révélation de l’affaire allait délier des langues. Mais ce ne fut pas le cas », explique le responsable qui doit également faire face à l’envergure de l’établissement qu’il dirige : « La société de nettoyage n’a pas pu me dire de quelle unité provenait le linge dans lequel a été trouvé le cœur. Nos deux établissements sont composés de neuf unités. Il y a 320 résidents et 240 agents qui y travaillent… Quoi qu’il en soit, j’interrogerai le personnel pour trouver un éventuel indice. »

S. de G.

http://www.vosgesmatin.fr/vosges/2013/01/15/le-coeur-serait-d-origine-porcine