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 Redoine Faïd par lui-même

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MessageSujet: Redoine Faïd par lui-même   
Redoine Faïd par lui-même Icon_minitime1Dim 14 Avr - 20:28




Le Point.fr - Publié le 12/01/2011 à 11:43 - Modifié le 13/04/2013 à 17:26

INTERVIEW - Le braqueur qui s'est évadé samedi de la maison d'arrêt de Sequedin à l'aide d'explosifs s'était confié au "Point" en octobre 2010.


Redoine Faïd est activement recherché par la police pour son implication présumée dans le meurtre de la policière de Villiers-sur-Marne © Ibo / Sipa
Propos recueillis par JEAN-MICHEL DÉCUGIS ET CHRISTOPHE LABBÉ


Redoine Faïd avait été condamné à 18 ans de prison pour braquage puis avait été impliqué dans le meurtre d'une policière à Villiers-sur-Marne. Il s'est évadé, samedi matin, de la maison d'arrêt de Sequedin (Nord) à l'aide d'explosifs et après avoir pris 5 personnes en otages, qui ont toutes été relâchées par la suite. En octobre 2010, cette figure du grand banditisme se confiait au "Point".

Le Point : Vous représentez la nouvelle génération de voyous issue des cités. Des Redoine Faïd, y en a-t-il beaucoup dans les quartiers ?

Redoine Faïd : Le milieu traditionnel ne nous a pas vus venir. Les vieux voyous n'ont pas voulu de nous. Peut-être par racisme ou à cause des clichés sur les jeunes des cités. On s'est faits tout seuls, en regardant des films et en lisant la presse. Aujourd'hui, c'est les cités qui tiennent le marché des stups. Il y a vingt ans, le milieu achetait la drogue et les quartiers la revendaient au détail. À la fin des années quatre-vingt-dix, la nouvelle génération s'est affranchie en allant chercher elle-même la marchandise au pays. Les jeunes y sont allés au flan, ont trouvé des contacts sur place et ont eu accès à de grosses quantités de marchandise, jusqu'à 150-200 kilos de shit par opération. Ils ont inventé les "go fast", ces remontées de drogue en convoi à plus de 200 km/h. Les grossistes habituels ne pouvaient plus suivre, parce que les "gremlins", comme ils les appellent, cassaient le biz en baissant les prix d'un tiers. Des cités a aussi émergé une nouvelle génération de braqueurs. Des types qui braquent les dab (distributeurs automatiques de billets) à deux sur un scooter avec une raquette (une AK47), il y en a environ 150 et ils ne vont pas s'arrêter. Et puis il y a les pros qui braquent les fourgons. Des autodidactes. Moi, c'est en regardant Heat, de Michael Mann, que j'ai appris. Je rêvais de me faire un fourgon, il m'a donné le mode d'emploi. J'ai compris qu'on n'avait pas besoin d'y aller à douze, que quatre suffisaient. Le mercredi de la sortie du film, on était dans la salle avec mes potes dès la première séance, à 14 heures. On s'est fait la dernière séance à minuit, dans un grand ciné du quartier Opéra. Dans la salle, il n'y avait que des jeunes des cités, ça sifflait comme dans un stade de foot. Une ambiance incroyable. Heat, je l'ai revu sept fois au cinéma, une centaine de fois en DVD afin de disséquer la scène du braquage du fourgon qui m'a servi pour ma première attaque de convoyeurs. Comme dans le film, on a utilisé des masques de hockeyeurs. En juin 2009, quand je suis sorti de prison, j'ai rencontré Michael Mann, venu à Paris pour la sortie de son dernier film, Public Enemies. Je lui ai dit : "Vous avez été mon meilleur prof de fac et conseiller technique, mais vous avez bousillé ma vie." Ça l'a fait marrer.

On a l'impression que la police n'a pas vu monter cette nouvelle génération de voyous des cités.

Les policiers sont obsédés par les voyous à l'ancienne, comme le milieu corso-marseillais. On a grandi, invisibles, dans l'ombre des gros truands. Le milieu a fait un mauvais calcul. S'ils nous avaient formés, ils auraient eu des mecs affûtés, car aujourd'hui on est au top. Contrairement à eux, on partage nos recettes. Quand une technique marche, on en parle, pas pour se vanter, mais pour en faire profiter les autres, en faire croquer, comme on dit. On est beaucoup plus riches que les anciens voyous. Depuis deux ans, les gros trafiquants des cités s'approvisionnent directement en cocaïne en Amérique du Sud. Pour rattraper son retard, la PJ a créé un service de renseignements spécialisé sur les cités, mais, le temps qu'il soit opérationnel, on a encore deux ans tranquilles. Contrairement au milieu traditionnel, il y a très peu de balances, les gens jactent, mais ne se mettent pas à table. Ils savent qu'en prison ils vont se faire massacrer.

Des voyous qui sont de plus en plus violents...

Ils ne veulent pas se prendre la tête, ils sont juste culottés, imprévisibles, capables de braquer des banques au kalachnikov. C'est "je veux, je prends". Ils ne se laissent pas marcher dessus. Ils ont des AK47, des 357 Magnum, des pistolets automatiques, des Uzi. Depuis l'éclatement de l'ex-Yougoslavie, tu trouves ce que tu veux comme arme. Lorsque tu vois les règlements de comptes à Grenoble ou dans le 9-3, tu comprends qu'ils sont prêts à tout. Sans pitié. Les équipes sont soudées comme les doigts de la main. C'est un milieu clanique. Pour délivrer un pote tombé pour trafic de stups, ils n'hésitent pas, comme à Beauvais, à attaquer au fusil d'assaut un fourgon cellulaire avec cinq gendarmes à l'intérieur et, s'il le faut, ils tirent. Ils veulent rentrer chez eux le soir, travailler propre, mais à la moindre fausse note ça défouraille dans tous les sens. Un braquage de fourgon aujourd'hui, c'est comme un film de guerre.

Justement, vous souvenez-vous de votre premier fourgon ?

J'étais envahi par le doute, mais porté par l'ambition. C'était le fruit de quinze ans de travail. J'en avais toujours rêvé, mais les choses se sont précipitées quand la BRB (Brigade de répression du banditisme) a cassé la porte de chez moi et que je me suis retrouvé en cavale. Il a fallu que je passe à autre chose. Avant de faire ton premier fourgon, tu te demandes si tu n'as pas mis la barre trop haut, si tu ne vas pas te prendre deux balles dans la tête. À l'époque, en 1996-1997, plusieurs grosses équipes s'étaient cassé les dents, les convoyeurs n'avaient pas voulu ouvrir la porte. Et nous, petits jeunes de cité, à 22 ans, on allait y arriver ? Ce qui a fait la différence, c'est notre détermination et notre vécu. La peur que tu ressens quand tu montes sur un braquage de fourgon n'a rien à voir avec celle que tu éprouves quand tu fais une banque. Tu as le trac comme un acteur de cinéma ou de théâtre. Au fur et à mesure que l'échéance se rapproche, tu vois la peur dans le regard des autres. Avant le top départ, je vomis, les autres le savent, c'est à cause des remontées gastriques, alors je mange un petit biscuit. Dans mon équipe, personne ne montait "chargé", mais sept fois sur dix dans les braquages les mecs prennent de la coke. Tu t'es tellement conditionné qu'une fois que c'est parti tu fais les gestes automatiquement, sans réfléchir. Chacun a une tâche sur laquelle il doit se concentrer. Il y a celui qui stoppe le fourgon, celui qui fait sortir les convoyeurs, celui qui bloque la route aux automobilistes et doit tirer en l'air si les flics arrivent. On met le barrage à 200 mètres pour éviter l'affrontement direct. S'ils veulent venir, il faut qu'ils viennent à pied, ça dissuade... Un braquage se prépare des mois à l'avance. Pour suivre le fourgon sans te faire repérer, tu fais une filoche en dentelle : tu travailles à plusieurs voitures, juste sur une partie du parcours, et le lendemain tu reprends où tu t'étais arrêté. Et ainsi de suite. Les voitures qui vont servir pour le braquage, tu les changes de place tous les trois jours en faisant gaffe de ne pas laisser d'empreintes ni de te faire remarquer. Pas question d'attirer l'attention en ouvrant la porte avec des gants, tu dois discrètement faire glisser un foulard dans le creux de ta main et enfiler les gants dans la voiture. C'est un boulot à plein temps, tu y penses 24 heures sur 24. Le grand voyou, c'est celui qui dure. Tu deviens vite accro au braquage. Tu recherches l'adrénaline qu'il te procure, ton corps en a besoin comme d'une drogue. Après un braquage, il me fallait quarante-huit heures avant que la tension retombe. Impossible de dormir, ton coeur continue à battre comme un fou. Tu as un sentiment de toute-puissance. Au bout d'un moment, tu ne fais même plus ça pour l'argent.

Après onze ans passés en prison, qu'est-ce que vous regrettez ?



La prison, tu la fais dans la douleur. Il y a beaucoup de jeunes, des dingues, et très peu de vrais truands. C'est trop cher payé. Les plaisirs du voyou sont très éphémères : tu t'offres un week-end à Monaco, une belle voiture... Mais, derrière les barreaux, tu découvres que le bonheur, c'est des petites choses extrêmement simples. Quand je suis sorti, je suis allé m'asseoir au milieu d'un parc avec un jus d'orange. J'avais pas envie de fêter ma sortie avec du champagne. Si j'ai un message à transmettre aux jeunes qui rêvent de braquer un fourgon, c'est de bien réfléchir, parce qu'ils vont niquer leur vie. Mon plus beau braquage ne vaut pas les rencontres que je fais aujourd'hui. Le crime ne paie pas...

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