Joris Karl Journaliste.
La période que traverse en ce moment le football français est passionnante, même pour ceux qui ne sont pas fans des tacles virils, plongeons dans la surface et autres Marseillaise muettes. Ces deux derniers jours nous offrent en effet un juteux concentré de ce qui se fait de mieux (ou de pire) dans le monde du ballon rond.
Il y a tout d’abord cet incroyable bordel qui règne au sommet de la Fédération française de football (FFF) à propos de la taxation à 75 % : pas plus tard que lundi soir, son président, le très à gauche Noël Le Graët, annonçait tout guilleret « que les clubs de football ne seront pas concernés par la taxation à 75 % des revenus supérieurs à un million d’euros. Cela ne concerne pas les PME. Le Premier ministre a été clair : seules les grandes entreprises seront taxées. Or, les clubs professionnels sont considérés comme des PME. Donc ils ne seront pas touchés ! » Patatras, ce mardi matin, Matignon envoyait paître le manant en déclarant que « toutes les entreprises seront concernées » donc les clubs de foot aussi ! Faut pas charrier, on voyait mal le gouvernement Ayrault exempter les millionnaires du foot en pleine crise économique. Le Graët a-t-il tenté un furieux coup de poker ? S’il avait été suivi, c’est sûr, on aurait frôlé le krach de com’ pour le PS. De leur côté, les représentants du foot professionnel ne décolèrent pas et jugent que cette taxe va achever notre championnat…
Un comble, ce grand flou artistique hexagonal servira donc de toile de fond au « match de l’année », PSG-Barcelone, les deux clubs arrosés par le Qatar. Une rencontre au sommet diffusée sur toute la planète, des bars à putes de Pattaya aux botecos brésiliens en passant par le plus petit village burkinabé : le Paris Saint-Germain aurait d’ailleurs reçu… 960 demandes d’accréditations de journalistes du monde entier pour cette rencontre (la tribune de presse du Parc des Princes contient 340 places) ! Quant aux dernières places pour aller voir « en live », elle se vendent à 1.000 euros ou plus sur la Toile. À ce prix-là, mieux vaut rester chez soi et siroter une bonne bière devant l’écran (pour ceux qui payent l’abonnement Canal) !
Attention les grincheux, les apparences sont trompeuses, et ce PSG-Barça ne se résume pas à un match entre deux multinationales. Il y a un réel supplément d’âme chez nos amis catalans : le fameux Barça, outre la pratique d’un jeu splendide, s’appuie sur une solide identité. Comparez simplement les deux onze qui s’affronteront sur le pré : les « Blaugranas » évoluent avec une équipe quasiment 100 % espagnole (en comptant Messi, l’argentin formé au club) alors que le PSG…
À ce propos, notre bon ministre de l’Intérieur ne s’y est pas trompé : interrogé par le JDD, Manuel Valls affirme qu’il soutiendra… Barcelone : « C’est mon club, un club qui dépasse les frontières ». À la fois logique et… surréaliste !
Joris Karl, le 2 avril 2013
http://www.bvoltaire.fr/joriskarl/manuel-valls-plus-catalan-que-francais,17609