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 SUICIDE ET VIE PROFESSIONNELLE :

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MessageSujet: SUICIDE ET VIE PROFESSIONNELLE :   
SUICIDE ET VIE PROFESSIONNELLE : Icon_minitime1Dim 17 Mar - 16:33




LES RISQUES DU METIER

Par Frédérique Mezza-Bellet
Sociologue



Tel était le thème du 28ème Congrès du G.B.P.S.*. Psychiatres, médecins du travail, épidémiolo­gistes, sociologues..., se sont exprimés à cette occasion sur ce sujet très particulier puisqu'il pose la question du travail comme facteur de risque dans les conduites suicidaires.
La question reste délicate car elle entrouvre une porte qui est restée fermée durant des années les conduites suicidaires ne dépendent pas uniquement d'un individu et de son histoi­re. L'environnement, tant personnel que profes­sionnel représente une composante fondamen­tale du phénomène suicidaires.
En ce sens, cet article souligne quelques uns des facteurs de risque liés à la profession poli­cière.


1. Quelques données statistiques

Sur une période de référence de 10 ans, le taux de suicide des policiers montre des varia­tions en fonction des années, de l'âge, du sexe et du mode opératoire par rapport à la popula­tion générale.
Ainsi, l'année 1995 est marquée par une forte augmentation du taux de suicides. Quant à l'année 1996 où le suicide des policiers a été largement médiatisé, le nombre de suicides est resté important. Depuis, aucune Statistique offi­cielle n'est diffusée et seuls les témoignages sont révélateurs du fait que le suicide touche encore ce façon non négligeable le milieu policier.
Cependant, au-delà de ces quelques chiffres, des questions se posent par rapport à la suicidité dans ce milieu professionnel
* le policier fait-il partie d'un groupe à risques?
* est-il possible de gérer ces risques et comment ?


2. Un cumul de facteurs de risques

La dimension plurifactorielle que l'on retrouve dans tous les cas de suicides ou de ten­tatives est fondamentale, car Si l'on parle de risques, il faut savoir qu'il n'en existe pas un mais bien plusieurs, et qui sont étroitement liés. Si l'ensemble des recherches dans ce domaine soulignent la présence de facteurs tels que les troubles psychiques, les déséquilibres fami­liaux, les problèmes d'alcoolisme..., il importe également de prendre en compte certaines spé­cificités de la profession policière.

· Stress et burnout

Au travers de tous les cas décrits dans notre étude, le stress est présent, associé à cer­tains types de problèmes - familiaux, conju­gaux, d'alcoolisme, d'états dépressifs, de sur-endettement et de malaise au sein de la profession. Et, lorsque ces Situations perdurent, qu'un individu se fragilise au fil du temps, le risque d'un passage à l'acte est potentiellement plus important.
Parallèlement, nos observations et entretiens ont permis de confirmer la «rupture» qui peut exister entre ce que le policier souhai­terait être et ce qu'il est dans le cadre de sa pro­fession. Le policier est soumis à des agents de stress aussi divers que variables dans le temps et en intensité : le rythme de travail, l'alternan­ce permanente entre l'urgence et la routine, le manque de soutien et de valorisation de la part de la hiérarchie, de mauvaises ambiances de travail...
C'est dans ce type de contexte que s'inscrit, pour~certains, la notion d'épuisement comme phase finale d'une trop longue confron­tation au stress.
Dans les pays anglo-saxons, cette notion d'épuisement professionnel est traduite par le terme de burnout. Michel OLIGNY en établit deux définitions: «Un épuisement moral et une lassitude qui surviennent insidieusement entre 7et 12 ans de pratique policière, chez ceux qui travaillent surtout avec le public, généralement chez ceux qui ont un idéal, une vocation, qui reçoivent peu de rétroactions de la part des gens, des collègues et des supérieurs sur la qualité du rendement».
«Le burnout policier peut aussi être un syndrome d'épuisement et de cynisme qui se manifeste fréquemment chez les individus exer­çant une profession sociale ?..., qui consacrent beaucoup de temps à des rencontres avec les autres dans des conditions de stress et de ten­sion chroniques».
Cette prédominance du stress et du burnout comme facteurs de risque est essentielle, car elle mène à l'isolement, et constitue un obs­tacle pour toute démarche de Soutien.

· Le rapport à la mort dans la profession policière.

Le policier, de par ses fonctions, est régu­lièrement intervenant dans la prise en charge de la mort. Cependant, il n'intervient pas dans n'importe quel type de mort. Il est, à l'instar de certaines autres professions, confronté à la mort violente. Décès sur la voie publique ou un lieu public, décès au domicile, décès dus à des actes de nature criminelle ou encore à des actes suicidaires. Ces décès, s'ils entraînent une dif­férence de traitement judiciaire et administratif ont néanmoins pour point commun le face à face avec la mort, le mort et le cadavre «j 'étais parmi les premiers policiers à être pré­sent lors de l'attentat de la rue de Rennes; je n'avais jamais vu un tel spectacle de toute ma vie et ce que je n 'oublierai jamais, c 'est le silence total qui a régné durant quelques secondes. Aujourd'hui, des années plus tard je f ais encore des cauchemars».

Cette Situation ne relève pas d'un quoti­dien professionnel, mais elle se répète néan­moins de façon régulière, constituant à chaque fois un événement traumatique. Ici intervien­nent des attitudes telles que le silence ou le «bavardage». On garde le traumatisme pour soi, il n'y a pas d'émotions, de sentiments mis en paroles. Il y a, face à la mort dans laquelle intervient le policier, à la fois la nécessité d'ac­complir des gestes qui relèvent d'une procédu­re professionnelle et la quasi obligation de mettre de côté toute réaction affective.
Si les policiers rencontrés soulignent leur promiscuité à la mort, leur prise de conscience de la fragilité de l'humain, l'éloi­gnement d'une certaine peur de la mort et dans le même temps des «cadavres qu'on ne suppor­tent jamais, ceux des enfants», l'impression domine chez les «anciens» que les jeunes sup­portent plus mal les interventions liées au décès. «Il y a 30 ans en arrière, les gens (les policiers étaient plus solides (...), ils étaient plus forts, ils avaient eu des épreuves à passer ils avaient exercé des métiers difficiles avant d'entrer dans la police (...), aujourd'hui les jeunes sont surdiplômés». Une sorte d'opposi­tion est ainsi créée entre théorie et pratique, dans laquelle, la maturité, et le seuil de toléran­ce par rapport à la mort varient en fonction de l'âge et de l'expérience professionnelle.

· La proximité de l'arme.

Dans le cadre plus précis du mode opéra­toire, l'importance de la possession d'une arme a souvent été mise en évidence. En effet, le policier dispose de son arme en permanence y compris à son domicile. Cela n'explique certes pas le geste, mais nous permet de dire qu'il y a une «facilité » certaine due à la proximité de cet «instrument de mort». En quelques instants, le geste peut être accompli, au contraire d'autres modes opératoires, tels que la pendai­son, l'asphyxie..., qui nécessitent une prépara­tion.
Cependant, une nuance doit être mar­quée quant à la facilité d'accès. En effet, nos entretiens et témoignages nous ont permis de mettre en évidence que l'arme n'est pas Syno­nyme d'un suicide « ras le bol », soudain. La préméditation, des «préparatifs» existent égale­ment règlement de factures, rangement parfois quasi excessif d'un appartement, d'une maison, une assurance-vie souscrite quelques temps avant le décès, des lettres expliquant le geste, écrites dans certains cas plusieurs semaines avant l'acte lui-même.
Quand la décision du passage à l'acte est présente, celui-ci semble inévitable :« Il s'agissait d'un civil, très bon fonctionnaire. Il s'est retrouvé en arrêt maladie pendant une période assez longue, suite à un accident. Les relations familiales se sont peu à peu modi­fiées, (du fait de Sa présence permanente au foyer) et il a fait une dépression nerveuse».
Lors d'une visite au service de ce fonc­tionnaire, le commissaire lui propose de reve­nir en «aménagé» dès son rétablissement com­plet. Ils se quittent «enchantés», la solution semblant convenir à tout le monde et, de plus avec l'accord du médecin chef. Trois jours plus tard, ce fonctionnaire s'est suicidé avec son fusil.
Aujourd'hui, ce Chef de service analyse la Situation de la façon suivante «à mon avis, il savait déjà ce qu'il allait faire, il était venu nous dire au revoir»...


3. La gestion des risques prévention.

La prévention constitue un problème com­plexe en ce sens qu'elle nécessite d'une part l'intervention de plusieurs acteurs profession­nels, d'autre part la reconnaissance du suicide comme un problème de santé publique.
Comme le démontrent les programmes d'aide de certains pays européens et anglo-saxons, la prévention peut s'inscrire dans le milieu professionnel. En ce sens, la prévention en milieu policier repose sur trois principes dominants
* il n'existe pas une «moyenne» des sui­cides face à laquelle on ne peut rien,
* l'environnement autre que professionnel doit être pris en compte,
* le partenariat tant interne qu'externe constitue une priorité.
Il est par conséquent presque banal d'écri­re que la prévention passe en premier lieu par la parole. Parole auprès des personnes en situa­tion de détresse, parole auprès des pouvoirs publics, parole auprès des groupes à risques,
parole qui «s'adresse de façon indifférenciée à tous et à chacun, ou au contraire, qui vise spé­cifiquement tel ou tel d'entre nous, tel ou tel groupe dont on a pu mesurer la particulière fragilité»2
A l'instar de ce qui existe en matière de prévention pour d'autres populations à risques (notamment les jeunes), il semble que nombre de réponses à apporter se situent au niveau de structures d'écoute spécifiques, avec des «écoutants» policiers spécialement formés et des professionnels spécialisés. Des lieux où tous les problèmes (personnels et profession­nels) pourraient être abordés. Ecoute et parole représentent dans ce contexte, des «outils» fon­damentaux dans la prévention du suicide.
Il ne faut pas négliger pour autant les struc­tures existantes, associatives et hospitalières, dont le rôle en matière de prévention et/ou de Soins n'est plus à démontrer.
En ce qui concerne le milieu associatif, quelques campagnes d'information et de pré­vention ont mis en évidence la nécessité d'en parler et de donner à tous ceux «qui n'ont plus envie de vivre» la possibilité d'appeler. Le télé­phone représente ainsi «un instrument idéal»
· il préserve l'anonymat,
· il permet écoute et parole 24 R sur 24.
Un système d'écoute et de parole qui a démontré son efficacité depuis plusieurs décen­nies. Cependant, depuis les années 1970, le seul contact téléphonique ne suffit plus, et cer­taines associations ont ouvert des centres d'ac­cueil.
Enfin, au sein du milieu policier, la pré­vention est assurée par des cellules d'écoute et de soutien psychologique. Dans chaque S.6.A.P. des psychologues sont à la disposition des policiers qui rencontrent des difficultés et ils assurent également des débriefings lors d'évènements professionnels traumatisants.



Magazine de l’Orphelinat Mutualiste
de la Police Nationale n° 494
janvier 2001







Avec l’aimable autorisation de l’auteur
Frédérique Mezza-Bellet
Sociologue
Le suicide dans la police nationale.
De la notion de groupe à risque
A la mise en œuvre d’une
Politique de prévention.
Etude, Paris, 1996


* « Suicide et vie professionnelle les risque du métier », Journées thématiques de psychiatrie N05. Groupement d'Etudes et de Prévention du Suicide, Ouvrage collectif coordonné par J.J.CRAvAGNAT et R FRANC. Toulon­
1997
I) « Stress et Burnout en milieu policier », Presse de l'Uni­versité du QUÊBEC - 1991
2) « Le suicide », Conseil Economique et Social Etude présentée pur le Professeur Michel DEBOUT. Direction des Journaux Officiels. Paris, I 990.


http://www.victimesdudevoir.info/Suicides1.htm
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http://neoigspolicenationale.wordpress.com/
 

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