jeudi 7 mars 2013
Le livre de Laurent Obertone se veut un trait d’union entre les témoignages des victimes et le discours des politiques.
Après plus de deux ans passés à occuper un poste de journaliste local dans la presse du nord-ouest de la France, Laurent Obertone a démissionné pour se lancer dans l’écriture de son livre. « La France orange mécanique » paru aux éditions Ring. Laurent Obertone, c’est d’ailleurs un pseudo « pour protéger mes proches », dit-il. L’auteur aurait reçu de nombreuses menaces. Et pour cause, le sujet gêne aux entournures les politiques, les journalistes et certains experts. Certains estiment que c’est un « livre bêtisier », d’autres un « livre nécessaire ». Interview.
LCDA : Pourquoi avoir écrit un livre sur les victimes de la délinquance ?
LO : Je me suis intéressé au phénomène en rencontrant les victimes de ces violences sur le terrain. Mais aussi des professionnels, des criminologues. Je me suis vite rendu compte du gros décalage entre ce que les gens me racontaient, leur ressenti et le traitement médiatique qui était fait de cette délinquance. J’ai voulu remettre de la chair sur cette réalité, un visage sur ces statistiques.
Beaucoup vous reprochent de compiler des faits isolés et donc de forcer le trait…
Je n’exagère rien. Je souhaite faire, avec mon livre, le trait d’union entre ce que disent les victimes et le discours des politiques. Cette réalité est extrême : en France, il y a 200 viols par jour. On entend très peu la voix de ces victimes. Le vol avec violence, ce n’est pas la météo ou le tiercé. Ces victimes ne montent pas sur une grue pour faire parler d’elles ! Il existe, en quelque sorte, une double peine pour ces personnes : ce qu’elles subissent puis le fait qu’elles culpabilisent, dans leur coin, sans que personne ne s’intéresse à leur sort.
En terme de méthode, vous vous êtes basés sur ce que l’on appelle des enquêtes de victimation…
Chaque année, l’observatoire national de la délinquance et des réponses pénales réalise des enquêtes auprès de 17 000 personnes. Il recense les agressions et fournit ainsi des statistiques précises, qui seraient encore, selon certains spécialistes, encore sous-estimées. Même Laurent Mucchielli, qui est un sociologue connu pour ses positions plutôt à gauche, admet que ces chiffres sont fiables. Et Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, a lui-même reconnu que ces statistiques étaient les plus proches de la réalité.
Pourquoi ne voit-on pas ces chiffres ailleurs, selon vous ?
Seule la presse locale raconte ces histoires parce qu’elle a une « obligation de vérité », du fait de la proximité avec les gens. Les faits divers sont toujours très lus. A l’inverse de la presse nationale où les analyses sont toujours très froides. Les medias n’utilisent pas ces chiffres parce qu’ils penchent toujours pour le criminel et non pour la victime.
Regardez la conférence pour la prévention de la récidive, que Christiane Taubira a organisée il y a quelques semaines. Il s’est agi uniquement des auteurs de crimes et délits. Les journalistes ont un intérêt, pour leur carrière, à adopter cette morale-là. Ils doivent se marquer politiquement à gauche s’ils veulent continuer à exercer leur métier. C’est bien connu : une grande majorité des journalistes sont de gauche !
Diriez-vous que votre livre est politique ?
Ce n’est pas un livre politique. Je prends simplement le parti des victimes. Ce n’est, en aucun cas, un livre d’analyse sociologique. Mon discours n’est pas populiste mais populaire. Je ne cherche pas à être le nouveau Eric Zemmour !
Propos recueillis par Chloé Juhel
http://www.lecourrierdelatlas.com/431507032013France-Laurent-Obertone-je-ne-cherche-pas-a-etre-le-nouveau-Eric-Zemmour.html